«
Il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! » (Luc, 15 :32).
Les références à la Bible s’accumulent, les malédictions s’amoncèlent et les familles démoniaques trépignent. Le doute n’est plus possible : Eddie est de retour. En bien mauvais état, il va sans dire. Cette fois, le privé a décidé de mettre fin à ses jours. Rien de bien méchant en somme, juste un séjour au purgatoire afin d’en libérer sa mère. Avec un sens un rien singulier de la famille, il laisse son frère s’arranger du cadavre. Voici Morgan contraint de traîner l’encombrant fardeau aux quatre coins de la ville afin d'échapper à quelques entités, surnaturelles et particulièrement entreprenantes, bien décidées à cramer la mortelle dépouille.
La famiglia est à l’honneur chez les damnés ; il ne pouvait en être autrement. L’époque est à la Prohibition et la mafia... endogame. A peine recrute-t-elle au delà du neuvième cercle de l’Enfer. Et Cullen Bunn de s’amuser des contraires : à l’étrange relation amour/haine qu’entretiennent Morgan et Eddie répond le tendre amour filial du parrain cornu pour sa fille. Tout y est parfaitement suggéré, de la distance entre les deux frères, du lourd contentieux qui les sépare aux origines de la tragédie familiale, cette malédiction qui les a frappés à la mort de leur mère. Il leur faudra pourtant faire œuvre commune et se retrouver. Et si le premier tome souffrait d’une trop lente exposition, l’histoire démarre ici en trombe et s’avère rythmée de bout en bout. Le mélange des genres, celui de l’horreur et des detective stories, est explosif ; l’humour, au rendez-vous.
De même, si l’on avait parfois pu regretter le manque de caractérisation des différents protagonistes, Brian Hurtt soigne ici les personnages et particulièrement l’expression de leurs émotions. Il excelle aussi dans les scènes d’action et se signale par une mise en page souvent inventive.
De quoi se réjouir du retour du fils prodigue et satisfaire les amateurs !
>>> Lire aussi la chronique du premier tome : Mort pendant trois jours