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arker Robbins aurait aimé suivre la voie de son père et se faire une place dans l'organisation du Caïd. Au lieu de cela, il commet de menus larcins pour essayer de joindre les deux bouts, ce qui n'est pas évident avec une mère internée et une petite amie enceinte. Un soir qu'il traîne sur les docks avec son pote John, qui avait flairé un bon coup, des événements extraordinaires l'amènent à se découvrir des super-pouvoirs. Ces dons à l'origine mystérieuse, il ne les mettra pas au service du Bien ni du Mal absolu, mais les utilisera à son profit personnel. De quoi attirer les regards autant que les ennuis dans un monde où Vengeurs et mafieux se livrent une lutte à mort.
Dans l'univers très codifié des super-héros, si chers à la bande dessinée américaine, il n'est pas rare de tomber sur une série qui, tout en respectant à la lettre les canons du genre, affirme sa propre personnalité. Et Hood pourrait bien en faire partie. Aux commandes d'un scénario classique mais fort bien ficelé, Brian K. Vaughan y va ainsi de ses références aux illustres héros en collants que nous connaissons tous... mais qui n'apparaissent jamais dans cette série dédiée entièrement au personnage de Parker, alias Hood. L'auteur de Pride of Baghdad ou Y: The Last Man lui confère un caractère plutôt attachant malgré la violence dont il est capable. Il fait plus penser à un gamin des rues qui essaie de s'en sortir qu'à un génie du Mal à abattre à tout prix. Le lien affectif qui le relie au lecteur, parfois mis à rude épreuve, ne se brisera jamais.
En dehors de ce personnage central, suffisamment étoffé pour porter à lui seul l'intérêt de l'histoire, d'autres parviennent à se démarquer, notamment par des répliques fort bien tournées qui font de l'humour un des composants essentiels de Pierres de sang. Le scénariste ne sera toutefois pas parvenu à enrichir davantage leurs différentes personnalités, trop soucieux, probablement, de rester dans la droite ligne du comics traditionnel. En outre, l'histoire proprement dite peut paraître trop avare en surprises, reproduisant fidèlement le schéma d'une rivalité qui tourne au drame. Malgré ces quelques réserves, l'impression globale reste positive, le sens de la narration de Vaughan assurant l'essentiel d'un récit mené tambour battant.
Le dessin de Kyle Hotz (Zombie) pourrait bien expliquer en grande partie la note positive que l'on donnera volontiers à cette mini-série. Dans le même esprit que Vaughan, c'est-à-dire oscillant entre originalité et respect intransigeant de l'esthétique du comics de super-héros, il signe une prestation qui ne souffre aucune critique. Les scènes de combat, parfaitement rendues, rehaussent un graphisme davantage tourné vers une ambiance oppressante. Servie par des visages aux expressions travaillées, celle-ci, annoncée par des couvertures à la composition irréprochable, donne à Pierres de sang une véritable marque de fabrique.
À la fin de ce volume, qui regroupe l'ensemble des six chapitres de la série, la messe est dite et chacun s'en retourne à sa propre existence. Les rôles ont pourtant été redistribués pour des personnages qui seront appelés à se revoir au sein de l'univers Marvel.
Les avis
Erik67
Le 01/09/2020 à 10:57:34
J'ai adoré ce comics pas comme les autres... En effet, la démarche de l'auteur était de nous faire assister à la naissance d'un super-héros qui vire dans le milieu du crime. Bref, l'anti-Spiderman par excellence ! Ainsi, Parker Robbins fait ainsi écho au célèbre Peter Parker que tout le monde connaît ! On arrive même à s'attacher à ce personnage qui lutte également contre des ennemis plus puissants que lui. C'est un bel exploit que réalise l'auteur !
Les connaisseurs de comics reconnaîtront probablement le personnage de Hood (ne pas confondre avec Robin des bois qui vole aux riches pour donner aux pauvres !) qu'on rencontre dans l'univers des Vengeurs et de Daredevil notamment où il incarne le patron de la pègre.
Ce personnage est né en 2002 c'est à dire sous l'ère Bush après les attentats du Word Trade Center. Cette oeuvre est marquée par toute cette influence où il n'y a rien de pire qu'un terroriste. Une scène qui a lieu au départ en dit long sur le sujet...
Attention : cette oeuvre est quand même pour un public averti. Il y a des scènes de violence un peu extrême. J'avoue avoir aimé le côté résolument adulte, voire mature de l'ensemble.
Au niveau du dessin, je retrouve l'excellente patte de Kyle Hotz dont j'ai pu admirer récemment le graphisme dans Zombie. Le scénariste est connu lui aussi puisqu'il s'agit de l'auteur de Y Le Dernier Homme. Bref, que du beau monde !
Au final, je dois dire que l'idée d'origine est aussi simple que brillante. Cela plaira incontestablement aux amateurs du genre des super-héros (ou anti-héros).
Nicobax
Le 08/09/2008 à 15:41:34
Mouais pas plus convaincu que ça. Certes, c'est original d'assister à la naissance d'un super-héros mais quand on sait (en lisant l'introduction de l'éditeur) qu'il va devenir le nouveau patron de la pègre dans l'univers des Vengeurs et de Daredevil, on a du mal à y croire. Surtout que dans la mini-série dont il s'agit là (publiée à l'origine en 2002 mais rééditée cette année justement pour le rôle que The Hood va jouer dans les séries Marvel), on le retrouve surtout confronté à des losers en série type Jack O'Lantern, Constrictor ou The Shocker. Bref, une petite frappe qui a de la chance dans l'univers des ruelles violentes de NYC... Psychologiquement parlant, c'est pas très fouillé alors qu'il y aurait surement beaucoup à faire avec un personnage comme ça... Là tout est très superficiel, facile et c'est bien dommage. Ceci dit, au niveau de l'ambiance c'est assez cohérent avec certains passages de Daredevil (pas les meilleurs certes).