Résumé: Des albums de bande dessinée qui mettent en exergue les souffrances des minorités, comme autant de plaidoiries, c’est la volonté narrative de Stassen.
Des personnages, des paysages enserrés d’épais traits noirs comme autant de vitraux saturés de couleurs, c’est le style graphique de Stassen.
Rétablir la réalité.
Avec son travail d’illustration pour Cœur des ténèbres de Joseph Conrad, il met en évidence les réalités de la colonisation, ce que Conrad n’a pas aussi clairement posé...
« Je ne suis pas un grand lecteur de Conrad. J’ai été curieux de lire Cœur des ténèbres car Sylvain Venayre y fait référence dans un de ses ouvrages. Cœur des ténèbres est un bouquin réussi même s’il n’est pas très aimable — au sens premier — à lire. De plus, il faut aller au-delà de l’histoire de la remontée du fleuve ; il faut lire entre les lignes, car c’est là que réside l’intérêt du texte.
Le malaise ressenti à sa lecture est l’expression même de la dichotomie qui existe entre les théories, les discours intellectuels de bon aloi et la réalité du terrain, des faits vécus.
De façon sous-jacente, ce sont ces questions que Conrad pose dans son récit, même s’il n’y répond pas. Mes illustrations sont là pour les mettre en évidence. »
Jean-Philippe Stassen
L’action se passe au Congo, à l’époque où Conrad lui-même y fut, et raconte le récit d’une navigation sur le fleuve. Mais, et surtout, il y parle de la fin des grandes explorations et de l’avènement de la gestion capitaliste dans les colonies. L’Afrique désormais est presque toute entière connue. Il n’y a plus, ou presque, de blanc sur les cartes — de ces blancs qui faisaient rêver Conrad étant petit. Les taches blanches sont maintenant remplacées par des taches rouges, bleues, oranges ou vertes qui représentent les divers Empires coloniaux.
Il parle de la distance entre l’idée colonialiste fondée sur le progrès et la réalité de la domination coloniale au Congo.
Cœur des ténèbres parlait aux Européens de 1898, de ce qu’était le Congo, et de ce qu’ils croyaient que c’était. De cette double réalité, Conrad a tiré une aventure de portée bien plus générale, peut-être universelle, d’une portée qui est, en tout cas, aujourd’hui encore, d’une immense valeur.