Info édition : Pas d'indication du mois de DL, celui indiqué ici correspond au mois de sortie. Édition spéciale, sous jaquette, enrichie d'un dossier de 16 pages de dessins inédits d'Eugenio Sicomoro, à l'occasion des vingt ans de la collection Aire Libre. Tirage limité à 2500 exemplaires, dont 500 hors commerce.
J
ulie, boucle d’or au caractère bien affirmé, Anna, un rien godiche et empotée et Manu qui s’impose comme la meneuse du trio, ont chacune, malgré une existence déjà riche en désillusions, cette naïveté propre à l’adolescence où la part du rêve est tenace. Ce trio de lycéennes que plus rien ne retient dans un quotidien qui confine au sordide décide de se faire la malle. Direction la cambrousse, la vraie... Pas loin, un homme, le visage dur, peint dans une ferme isolée. Quand les destins sont appelés à se croiser…
Le caractère des trois filles, avec ce qu’il comporte comme potentiel agaçant pour le lecteur, n’en est pas moins en adéquation avec leur âge et s’attache donc à inscrire les événements dans le réel. Ce sentiment sort renforcé par le dessin de Sicomoro qui place la barre haute avec un rendu proche du réalisme. Cette volonté trouve cependant ses limites dans la gestion des mouvements avec un effet « arrêt sur image » qui interloque parfois. Cela se ressent en particulier au niveau des gammes d’expression des visages qui, outre une rougeur de nez excessive, hachent le rythme de la narration. Dommage, car le dessinateur démontre un véritable talent à rendre le caractère bucolique et marqué par une profonde tristesse de paysages campagnards, desquels se dégage une atmosphère délicieusement surannée. C’est dans ce contexte de début d’hiver que la fugue se fait.
Cette histoire a une crédibilité de ton et reste dans le domaine du possible. Il n'est cependant guère aisé de savoir si la suite va conserver cet axe. Le titre qui trouve son sens en milieu d’album ainsi que la postface du scénariste, Makyo, comportent leur part de mystère qui sous-entend cependant que le récit pourrait bien basculer vers quelque chose de plus abstrait. Mélange des genres périlleux ? A voir…
Les avis
vacom
Le 17/05/2008 à 18:36:29
J'aime le regard que porte Makyo sur ses héroïnes, j'aime le côté naïf mais débrouillard des trois fugueuses, j'aime le côté mystérieux des autres personnages, j'aime l'ambiance très calme mais potentiellement dangereuse qui ne quitte pas le récit, j'aime les paysages somptueux de Sicomoro, j'aime le fantastique qui s'installe petit à petit... En fait, j'y ai trouvé exactement ce que je voulais y trouver et il me tarde de découvrir la suite dans un T2 qui s'annonce très riche.