Le 25/04/2023 à 22:15:23
Œuvre matricielle d'une saga majeure "Carnet d'orient" qui deviendra "Djemila" devait être un opus unique. 12 tomes se succéderont par la suite, construisant ainsi une saga autant familiale que générationnelle. Ici point de fils ou de petites filles, ni de trahison dans un air du temps haineux, nous suivons un artiste peintre qui veut se baigner dans les couleurs chaudes d'un pays d'aquarelle brulante et qui se noiera dans une culture jusqu'à avoir le cœur brisé par un mirage. Il sera notre fil conducteur de la période 1834/44 en Algérie. Celle de la colonisation pour astreindre des sauvages à gouter au modernisme européen. Et l'auteur nous montre la brutalité des généraux, l'horreur des marches forcés des soldats et hommes de rang. Il nous fera découvrir un homme illustre, lettré et sage qui sera le chef de la résistance des tribus d'Algérie: Abdel Kader. Mais aussi la violence de ces mêmes tribus. Rien n'est noir, ni blanc chez Ferrandez. Il n'y a pas de prosélytisme. L'auteur raconte la comédie humaine si tragique dans l'horreur de la guerre. Et c'est vraiment réussi. Pourtant le héros ne court pas l'idéal politique mais celui de l'amour plus fantasmé que réel d'ailleurs. Et il déambule dans les terres ocres, les orages violents, le froid glacial et le désert suffocant pour une quête unique: Un visage d'ange. Le reste importe assez peu en définitive. Le partis pris de l'auteur est atypique: montrer la guerre par l'œilleton de l'amour idolâtre. Car Djemila, celle pour qui tout le peintre osera toutes les rencontres, tous les chemins même ceux de la perdition politique, n'existe pas. Elle ne parle pas. Ne mène aucune action. Elle subit son destin. D'ailleurs, elle apparait jamais vraiment dans l'histoire. On peut regretter cette absence sauf que elle est le symbole de cette Algérie insaisissable, invisible. Elle n'est en définitive qu'un visage sensuel et sublime sur un dessin au fusain au ton toujours ocre. De conception classique, la trame est menée sans fausse note, tambour battant. Il y a parfois des moments de poésie également. De belles phrases et de beaux crayonnés qui racontent le personnage principal dans son travail de peintre. Le plaisir est absolu dans la lecture. Il m'a manqué juste Djemila. Trop absente, trop invisible jusqu'à un décès assez bête . Une sorte de Roméo et Juliette qui ne tient pas sa promesse. A part ça, le plaisir est total, les paysages magnifiques et l'histoire haletante. Ferrandez raconte l'Algérie de 1834 avec maestria.Le 31/08/2020 à 10:57:29
"Carnets d’Orient" raconte l’histoire algérienne de sa conquête en 1836 à son indépendance, à la fin des années 50. Les cinq volumes du premier cycle nous plongent dans une grande saga familiale sur la colonisation, où romances, amours secrètes et intrigues se multiplient. Le second cycle commence en 1954, à la veille de l'insurrection. C'est un formidable hommage à l'Algérie. J'aime bien lorsqu'on raconte l'Histoire sans préjugés avec un grand souci de précision mais sans tomber dans l'académisme style pionniers du nouveau monde... C'est mieux qu'à l'Ecole où on nous a caché bien des choses... On y voit par exemple les vaincus de certaines guerres, 1870, la Commune, l’Indochine, vivre leurs combats d’Algérie sous l’emprise de ce qu’ils viennent de traverser. Ces dessins sont emplis de chaleur et de poésie à la fois. C'est véritablement beau ! Ce récit conduit de toute évidence à une lecture réfléchie loin de tout manichéisme. Une belle oeuvre sinon l'une des meilleures sagas historiques.Le 06/02/2008 à 14:50:56
La série historique de référence dans l'univers très diversifié de la bande dessinée. Dessins magnifiques, scénario prenant , personnages attachants, Ferrandez signe un chef d'oeuvre humaniste très documenté qui permet de découvrir un peuple, une culture et une page de l'histoire de France aussi trouble que peu évoquée dans les manuels scolaires. Du grand art !Le 11/12/2004 à 07:43:03
C'est série est une série exemplaire.BDGest 2014 - Tous droits réservés