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ichelle Krachek est profiler pour le compte d’Interpol. Malgré son âge, son intelligence et son intuition font merveille pour aller au terme d’enquêtes particulièrement glauques. La dernière en date, au cours de laquelle des ossements porteurs d’une inscription étrange sont retrouvés au fond de la Seine, semble taillée pour ses talents.
Encore ! C’est sans doute la réaction qui vient à la découverte du pitch de cette nouvelle série. Profiling, médiumnité, personnage a priori fragile mais qui n’a pas d’égal pour explorer les tréfonds de l’humanité pour dénouer les affaires les plus complexes. Sans compter des énigmes assises sur une relecture d’épisodes bibliques. Saturation ? Pas forcément lorsque l’histoire est solidement charpentée et qu’elle invite à se prendre au jeu.
Et Les eaux du fleuve se changèrent en sang… se révèle plutôt saisissant pour peu qu’on se sente l’âme d’un voyeur disposé à contempler les excès auxquels se livre une frange de la société qui a choisi de s’affranchir de certaines valeurs. Cette catégorie ne peut plus se contenter de vivre comme la masse bêlante de ses congénères qui s’em… de leur naissance à leur mort pour errer tout au long d’une vie étriquée. Eux, il leur faut plus. Plus excitant, plus extrême. Riches, puissants, ils vivent pour assouvir leurs perversions, au sein d’un microcosme qui se nourrit, au sens propre comme au figuré, de ces entorses aux usages et à la morale.
Rituels, morbidité, bains de sang, incursions « fantastiques », personnage central hors norme sous une apparence ordinaire et qui cache une fêlure, la majeure partie des composantes du polar moderne qui a fait le succès d’auteurs de best-sellers francophones est réunie. Ceux qui ont assimilé les recettes de leurs collègues américains qui construisent leurs récits en s’appuyant sur des faits divers et une solide documentation pour les rendre crédibles et captivants. L’exemple qui vient en tête ici, c’est celui de Maxime Chattam, de son In tenebris en particulier. Avec ce concept, le lecteur adhère et avale le roman d’une traite. Ou il part dans de grands éclats de rire en fustigeant l’aspect Grand-Guignol d’un ensemble qui propose souvent un assemblage de scènes chocs et d’éléments inspirés de cas réels, réunis pour un patchwork grossier. Le premier volet de La XIè plaie emprunte heureusement à la première catégorie. Le progression est convaincante dans sa mécanique, même si l’on regrettera un coup d’accélérateur, habituel au genre mais regrettable, à l’occasion du face à face traditionnel entre protagonistes et suppôts du Mal à l’approche de la deadline des 46 planches que compte l’album.
D’un point de vue graphique, la tâche n’était pas des plus évidentes. Au cahier des charges : montrer l’abject, le sordide, et transcrire des cauchemars. La force de l’évocation qui laisse à l’amateur le soin de mettre ses images, ses propres représentations de l’horreur sur des mots, de projeter ses fantasmes, ne joue pas. Il faut lui proposer une interprétation. En ne cherchant jamais à rendre son trait séduisant, en jouant sur l’alternance noir/blanc pour le fond de ses planches, Joan Urgell s’en sort fort bien. Il bénéficie du soutien d’un coloriste qui a restreint sa palette aux teintes appropriées, entre ténèbres, limons et hémoglobine coagulée. Pour l’anecdote, il est possible de s’amuser à trouver un air de famille marqué entre le Crâne rouge de la Marvel et son méchant de service.
A peine celle-ci refermée, et si elle continue dans cette voie, La XIè plaie ne devrait pas donner beaucoup de répit à ses lecteurs, ni… à ses auteurs. Reste à savoir comment ils comptent s’y prendre pour égrener tous les fléaux en seulement six volumes, sans porter à la série un coup fatal dû à une trop grande précipitation.
Les avis
Touni002
Le 28/01/2008 à 23:30:08
Très bon album, pour un premier tome nous rentrons assez vite dans l'histoire, le dessin est bon et l'histoire est bien menée. Un peu glauque, cela pimente l'histoire. Enfin je ne vais pas vous résumez la bd, vu que ca a été fait et je ne voudrais pas vous gacher le plaisir de la lire.
En conclusion, une bd qui se laisse lire très très facilement. J'attends le tome 2 le pied ferme!
Une bonne surprise de début d'année, pourvu que ça dure :)
voltaire
Le 26/01/2008 à 13:21:07
Une profileuse est particulièrement efficace grâce aux pouvoirs paranormaux dont elle dispose. Ça tombe bien car on vient de retrouver des charniers sous les différents ponts de Paris, Prague, Vienne et j'en passe.
L'enquête s'engage donc entre cauchemar et réalité cauchemardesque.
Dire que l'album est original est vrai, dire qu'il est convaincant ne l'est pas totalement. Disons que l'intrigue est bien menée mais que la fin est assez indigente.
Glissons sur erreurs techniques, elles n'ont quère d'importance (mais sont pourtant bien là : rappelons qu'Interpol n'est pas une unité d'élite de la police internationale mais un centre d'échange d'informations !)
Quoiqu'il en soit ce premier tome est celui d'introduction. Ce n'est qu'avec le deuxième qu'on saura vraiment si l'on s'oriente vers un bon petit plat succulent ou le fast food à grande échelle.