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gypte, 1877. Sherlock Matthiews effectue des fouilles sur le site de Deir El Medineh. Une missive en provenance d'Angleterre va cependant interrompre la carrière d’archéologue de l’intrépide jeune homme. A son retour d’une longue tournée européenne avec l’orchestre du Hanover Square Rooms, sa mère se serait pendue dans la chambre de leur manoir. Partagé entre une profonde tristesse et un sentiment d’incompréhension et de trahison envers cette femme qui s’est tué sans lui confier les raisons de son geste, Sherlock décide de regagner la demeure familiale de Bournemouth. De retour au pays, certains détails troublants vont cependant remettre en cause la thèse du suicide. Malgré le côté macabre de ses recherches, Sherlock est bien décidé à faire la lumière sur cette mort suspecte. Des investigations qui vont donner naissance à un véritable mythe !
En revisitant l’histoire du héros de Sir Arthur Conan Doyle, les auteurs s’attaquent à une légende de la littérature mondiale : Sherlock Holmes apparaît dans quatre romans et cinquante-six nouvelles, dans plus de 250 films et adaptations télévisées (dont le célèbre Le Chien des Baskerville), et a fait l’objet de plusieurs adaptations en dessin animé et en bande dessinée (notamment Sherlock Holmes chez Soleil, Baker Street chez Delcourt et Holmes chez Futuropolis). A l’inverse de Luc Brunschwig qui débutait son intrigue après la mort de Holmes aux chutes de Reichenbach en 1891, Didier Convard et Eric Adam se concentrent ici sur les origines de ce personnage de fiction.
En tentant d’élucider la mort de sa mère, le jeune Matthiews va pouvoir exploiter pleinement son sens du détail et ses talents de déduction. Ce garçon indiscipliné se trouve ainsi une nouvelle voie dans la vie et un nouveau patronyme : Holmes ! En racontant la jeunesse de Sherlock, les auteurs vont se permettre certaines libertés, tout en présentant un protagoniste qui demeure fidèle aux romans de Doyle : un sportif accompli, mélomane, misanthrope et cocaïnomane qui n’apprécie guère la police officielle. Autour d’une investigation prenante et bien huilée, les auteurs mettent en place tous les éléments du mythe : la passion pour le violon, le célèbre chapeau, l’ennemi juré Moriarty, le frère Mycroft et cette adresse mondialement connue : le 221b Baker Street !
Ce récit complet de Didier Convard (I.N.R.I, le Triangle Secret, Blake et Mortimer) et Eric Adam (La tranchée) est original et efficace, mais semble un peu à l’étroit en un seul album. L’introduction égyptienne et le retour dans le comté de Hampshire s’accaparent peut-être trop de planches par rapport à un dénouement trop abrupt. Si le scénario saura séduire, la couverture vieillotte et le style graphique auront sans doute plus de mal à convaincre. Jean-Louis Le Hir (La voix des ténèbres, Une nuit chez Kipling) est pourtant un habitué de l’époque victorienne. Son dessin tortueux et ses personnages anguleux collent d’ailleurs parfaitement à l’ambiance rétro de la vieille Angleterre, mais beaucoup moins au décor saharien des premières planches.
Ce tome de la Collection Grafica livre un excellent polar sur fond d’histoire de famille et de vengeance dans dans le Londres du XIXe siècle, ainsi que les premiers pas d’un détective qui fera encore couler beaucoup d’encre.
Les avis
voltaire
Le 26/01/2008 à 21:41:38
Tout Sherlockien ne pourra qu'être satisfait de cet opus qui nous propose une vision très personnelle et originale des débuts du grand Holmes.
Si l'album se lit avec grand plaisir d'une traite, un petit reproche toutefois, non pas au niveau du Canon holmésien, mais sur le fait qu'on a deviné le qui dès la moitié du livre.
Quant au pourquoi, il assez indigne d'un tel volume. Et voilà pourquoi, je ne lui accorde pas le rang de chef d'oeuvre, même s'il n'en était pas très loin.