D
ans les Villages, le professeur Wom continue à jouer l'apprenti sorcier en fabriquant une guimbarde géante, capable de restituer le "la" originel, mais surtout susceptible de bouleverser l'équilibre de cet étrange monde parallèle. Cependant, quelques éléments manquent encore pour la construction de l'instrument de musique, notamment du poil de jôle. Dzino, de son côté, semble avoir de plus en plus de mal à contrôler l'univers qu'il a créé. Et quand il rencontre Bibie, une jolie ricoucougne qui dit l'avoir connu des années plus tôt, il en tombe éperdument amoureux.
Trente années se sont écoulées depuis la parution du premier tome de Dans les Villages en 1978. Plus qu'une histoire, Cabanes a imaginé une véritable société avec sa population hétéroclite, son langage, ses codes. Une créativité extraordinaire qu'il partage, depuis L'Ecole de la Cruauté, avec le lecteur par l'intermédiaire du personnage Gino/Dzino, une sorte d'alter égo de l'auteur. Il est parfois difficile de discerner l'authentique de la fiction. Mais est-ce vraiment le plus important ? L'essentiel n'est-il pas de se laisser bercer par la douce folie de Bezié et de ses habitants ?
Dans La Déroute des Synapses, Cabanes parle d'amour mais aussi d'oubli, deux thèmes qui s'entrecroisent à travers le destin de Bibie et de Dzino. Amour oublié ? Oubli de l'amour ? Amour qui fait oublier ? L'avenir de l'univers de Gino passe au second plan. Le professeur Wom s'active à le révolutionner, les jôles s'affolent, P'tit-Louis bricole... Et alors ? Dzino s'en fout. Il est amoureux et il oublie. Ce septième tome n'est certainement pas le plus réussi de la série. Un peu moins dense, un peu moins déjanté, un peu moins détaillé graphiquement. Bref, un peu moins tout. Pourtant, il demeure quelques scènes savoureuses comme le dialogue avec les professeurs de charcuterie ou la chasse à la jôle ainsi qu'une couverture accrocheuse ou de mauvais goût, suivant les sensibilités de chacun.
Une série remarquable comme Dans les Villages présente l'inconvénient de rendre le lecteur exigeant, de renforcer ses attentes d'un tome à l'autre. Néanmoins, elle permet d'accorder plus facilement le pardon quand un album est un peu en deçà des précédents et de laisser espérer une totale rédemption avec le suivant.
Lire la chronique du tome 5
Lire la chronique du tome 6