Résumé: C’est en 1924 qu’a littéralement poussé du sol londonien une montagne vivante, un dieu démon qui a fait sombrer la majeure partie de la population dans la folie et en a fait muter d’autres en monstres pour en faire ses messagers auprès des humains. Des monstres parcourent donc ce que Londres est devenu, prévenant la population qu’elle ne doit pas réveiller le dieu démon, auquel cas ce dernier rayerait définitivement l’humanité de la carte. Loin de prendre au mot ces menaces, Nadia et son compagnon géant Seth, chercheurs d’objets de valeur, mettent à exécution leur projet d’aller visiter l’épave du bateau "plantée" dans la montagne de chair démoniaque. Ils vont y rencontrer Spare, un magicien chasseur de monstres qui détiendrait les pouvoirs de faire revenir le monde à son état originel...
L
ondres, 1924. Le temps s'arrête, c'est l'heure de l'avènement du dieu Montagne, ici en pleine ville, au milieu de tous. Les mutations apparaissent chez les humains qui deviennent de plus en plus violents, c'est le chaos. Trente ans après, Nadia et Seth tentent l'ascension du dieu pour en découvrir plus sur celui qui doit, lorsqu'il se réveillera, achever la destruction de l'univers. Leur rencontre avec Sparr, le vieux magicien, les amènera bien plus loin dans leur quête.
Cristiano Fighera et Francesco Biagini ont opté pour la ligne dure, celle des monstres ignobles et des héros disgracieux. Comme facteurs décourageant le survol oisif, il n'y a pas mieux. Et pourtant, si le premier coup d'œil peut faire fuir par l'atmosphère lovecraftienne qui s'en dégage, on se prend vite de sympathie pour certains "freaks" qui ne manquent pas de charme. Bien entendu les méchants sont affreux et seuls ceux présentant une douce folie salvatrice, comme Sparr, restent attrayants. C'est assez classique mais toujours efficace. Après le chaos des premières pages, de quoi semer l'horreur et la désolation dans l'esprit du lecteur sagement assis dans son fauteuil, le récit reprend un cours normal avec son lot de découverte de personnages et de montée en puissance de l'intrigue. Une aventure classique dans un milieu extraordinaire, repoussant pour certains, qui ne trouve son intérêt que dans les mystères liés au fameux Dieu Montagne.
L'imagination en ignominie de Francesco Biagini semble sans borne et son graphisme fait mouche en création de monstres improbables, faits de béances sanguinolentes et de membres déformés. Ces difformités masquent quelques proportions sorties d'une autre dimension ou incohérences de mouvements propres à une certaine inexpérience ou à un refus de la facilité. Le découpage et le cadrage souvent ambitieux privilégient cette seconde hypothèse. Les couleurs un peu ternes des pages intérieures tranchent avec celles plus flamboyantes de la couverture, c'est dommage.
Un premier album qui ne laisse pas indifférent mais pour lequel il faut savoir dépasser un stade de réticence visuel pour en apprécier l'univers. Pas forcément évident.