S
ur une planète sauvage et interdite, les habitants d’une vaste cité portuaire sont maintenus dans l’ignorance par une caste de prêtres aux ordres de dieux extraterrestres et assistés de robots-soldats impitoyables. Afin de faire respecter la loi des dieux, le grand prêtre du culte de l’Aurore n’hésite pas à supplicier son propre fils et ses compagnons, coupables de s’être aventurés en territoire maudit et d’avoir pratiqué l’art sacré des machines. En rendant hommage aux suppliciés, la fille du grand-prêtre, future reine-mère de la cité, se dresse ouvertement contre son père et s’enfuit du palais. Aidée du jeune Eydo, la princesse Kyna s’alliera aux rebelles afin de faire trembler sur ses bases le pouvoir des prêtres. L’heure de la révolte contre les machines va bientôt sonner…
Même si l’idée d’un peuple extraterrestre profitant de sa technologie supérieure pour maintenir les hommes dans un état de soumission total fait partie des grands classiques de la science-fiction et a été retranscrit sur tous les supports médiatiques possibles, il faut tout de même reconnaître que ce premier album n’est pas dénué d’intérêts. En effet, les auteurs démontrent, tant sur le plan scénaristique que dans le dessin, une maîtrise parfaite de leur monde. La dictature religieuse et technologique ainsi que la détresse et la quasi-impuissance de la rébellion sont particulièrement bien décrites et rendent crédible et intéressant cet univers original, mélange de Grèce antique et de robotique futuriste.
L’intrigue, quant à elle, évolue en parallèle avec la personnalité de la princesse, passant d’une révolte personnelle et émotionnelle (adolescence) à une opposition politique dure et réfléchie (adulte). Cette évolution apporte une sensibilité bienvenue dans une histoire assez froide. Néanmoins, une plus grande profondeur dans la figure de la princesse aurait été souhaitable : on est loin, malgré l’ambition avouée des auteurs, des incertitudes de l’Antigone d’Eschyle. A ce niveau, la personne du Grand Prêtre est, elle, beaucoup plus intéressante et mieux développée, ses actes de terreur étant poussés par une peur difficilement dissimulable des dieux.
Le dessinateur, bien qu'ayant un trait un peu figé, ne s’en sort finalement pas si mal, surtout pour un premier album. Manquant parfois d'un peu de fluidité, l’action est néanmoins bien rendue, tout comme l'impressionante description du monde et de la technologie, ce qui renforce considérablement la crédibilité du récit. Toutefois, ces bons points doivent être contrebalancés par certains problèmes « anatomiques ». Ainsi, le dessinateur ne respecte pas toujours les dimensions du corps humain : par exemple, lors des combats, les cous de certains personnages ont tendance à s'allonger. De plus, le rendu des visages est absolument à améliorer car, si ces derniers sont très expressifs, ils n’en restent pas moins souvent disgracieux.
Malgré ces problèmes techniques, finalement peu dérangeants pour la lecture, Le Châtiment de l’Aurore reste un bon récit de science-fiction, original, maîtrisé et se basant sur un concept qui a déjà fait ses preuves.
Les avis
CaptainKro
Le 13/07/2008 à 12:20:17
Ce premier tome d'une histoire que l'on devine (et espère) complexe et tendue est prometteur: bien sûr certains aspects sont à améliorer, comme certains détails du graphisme comme les expressions des personnages (bon, ceci dit, je suis incapable de dessiner!!!). Mais le scénario est plein de promesses, et le thème - la lutte contre des pouvoirs despotiques - passionnant.
Cette série est à suivre absolument.
Rebel
Le 31/10/2007 à 16:06:19
Voilà une jolie découverte, comme je les aime, que cet album prometteur qui laisse augurer le début d’un cycle intéressant à plus d’un titre. Ce premier tome n’est pas exempt d’imperfections, certes. Le scénario manque d’originalité (bien que la fin annonce un brutal changement d’échelle dans l’intrigue) et le dessin fait preuve parfois, au hasard des vignettes, de fâcheuses faiblesses. Citons le visage de Kina, pas toujours aussi joli qu’on le souhaiterait. Ou bien les vêtements qui manquent de recherche, à l’image de la robe de cérémonie de la reine mère (curieux titre, soit dit en passant, pour une princesse). Quelle différence avec Nävis dans Sillage ou encore Morgana ! D’ailleurs, les décors eux-mêmes restent froids, austères, pas assez fouillés (à l’image de la salle du trône, désespérément vide, exempte de toute décoration). Là encore, on regrette le foisonnement de détails dans l’architecture et le mobilier qu’on trouve par exemple dans une série comme Myrkos. Ceci dit, il faut reconnaître à Jaouen le talent qui est le sien, l’élégance de son trait qui ne demande qu’à s’affirmer. Si vous en doutiez, je vous engage à aller jeter un œil sur son site http://www.salaunjaouen.com/ où vous pourrez notamment découvrir les crayonnés des premières planches de Nova.
Espérons donc que les promesses de cet album ne seront pas démenties par le second tome...