Résumé: Tillois est le seul survivant de la dernière bataille. Il est également le seul à découvrir que des humains combattent aux côtés des Mandis. Plus étrange, il capte l’image mentale de son père – pourtant porté disparu – dans l’esprit d’un Mandi. Troublé, il suit le petit groupe de rebelles après l’attaque subite d’un chasseur de l’Union Sacrée. La guerre prend dès lors une autre tournure pour Tillois…
L
a guerre fait rage entre les Mandis, des extraterrestres insectoïdes, et les humains qui ont dû sceller l'union sacrée pour espérer vaincre. S’étant engagé le jour de ses dix-huit ans pour la guerre de tranchées, Tillois est le seul rescapé de la dernière bataille. Dans le no man’s land, il découvre que des humains se battent aux côtés de Mandis et, fait plus étrange, il capte l’image mentale de son père disparu lorsqu’il est recueilli par ces derniers. Après de nouveaux combats, il parvient à rejoindre les lignes humaines. Mais son récit n’a pas l’air d’enchanter le haut commandement, ni même de le surprendre…
Une des grandes réussites de cette série, et ce quatrième tome ne déroge pas à la règle, est à n’en pas douter la retranscription de la première guerre mondiale et de ses affres dans un contexte de science-fiction. Si les deux premiers albums se penchaient sur l’arrière et le troisième, sur le sort inimaginable des « Poilus » (ici les Gaspards), Au Nom du Père s'intéresse aux fraternisations entre ennemis. Dépassant le côté limité des trêves de 1914, le scénariste se met à imaginer une véritable rébellion se battant contre les deux camps en présence. Par le biais d’une ode de « guerre à la guerre », il présente une vision sans concession de la logique et de l’appareil militaire et se permet même une analyse cynique mais, finalement assez juste, de la mémoire sélective des générations futures.
La Mandiguerre, ce n’est pas seulement une réflexion sur la guerre mais également un récit d’aventures, décrivant le destin des trois adolescents Tillois, Cousance et Dosnon. Malgré une certaine amélioration et un final assez touchant, c’est un peu la déception qui domine, Morvan n’ayant pas réellement réussi à faire ressortir avec justesse les émotions et la maturité naissante des protagonistes.
Côté graphisme, l’évolution positive du trait constatée dans le troisième opus est pleinement confirmée. Le dessin est précis, clair et proportionné. En dépit d'un cadrage très classique, l’action est très bien rendue : l’absence ou le nombre limité de dialogues (technique déjà utilisée dans l’album précédent) donne une dimension différente à l’action et la rend beaucoup plus prenante.
La Mandiguerre est donc une série de qualité présentant une intrigue générale et un environnement fouillés et originaux, servis par des dessins convaincants et une mise en page dynamique. Par ailleurs, les réserves liées à certains aspects du scénario tendaient à s’estomper petit à petit au fil des albums et c’est donc avec un certain regret que l’on voit cette série s’arrêter. Néanmoins, on ne peut que féliciter l’éditeur d'être allé jusqu'au terme de la publication du premier cycle de cette série, permettant au lecteur de disposer d’une histoire cohérente et pourvue d’une authentique fin, ouverte mais authentique.
Les avis
dobbs10
Le 14/09/2007 à 17:15:19
Visiblement une série qui a bien du mal a trouver son public, d'ailleurs JD Morvan remercie Delcourt de l'avoir permit de terminer. Si le scénariste avait été plus modeste, probablement que la série n'aurait jamais eu de fin. Pourtant, je trouve ce scénario bien attachant, même si le dessin est un peu trop tiré vers le manga, l'ensemble est assez séduisant.