P
as d’angoisse particulière pour Jean à l’heure de la rentrée à la grande école. La maîtresse n’a pas l’air d'être commode ni d'appartenir aux derniers modèles du genre mais bon, ce n’est pas l’essentiel. Les choses se gâtent lorsqu’elle demande leur nom aux élèves et la profession de leurs parents pour les noter sur son grand cahier. Son prénom pas de problème, pour papa ça va il est patron, pour maman il a une réponse toute prête : secrétaire. Mais elle est où maman ? Ça fait si longtemps qu’il ne l’a pas vue.
Un nouvel album signé Emile Bravo c’est toujours un évènement qu’il relève de la BD ou de l’histoire illustrée. Et lorsqu’il retrouve son compère d’Aleksis Strogonov et d’Ivoire Jean Regnaud, la pupille s’illumine et l’impatience monte encore d’un cran. Changement de cap par rapport aux projets précédents cependant, avec Ma maman…, c’est une histoire d’enfance puisant dans des souvenirs personnels. Difficile d’en dire plus sans trop en révéler sur la situation de Jean et sur le déroulement de l’histoire. Ne retenir que la faculté réciproque des enfants à s’inventer des histoires et des adultes à leur en raconter pour ne pas avoir à affronter la vérité, avant lecture, c'est suffisant. Une fois encore il faudra faire confiance à des auteurs à qui donner un blanc-seing n’est pas une difficulté en soi au vu de leurs faits d’armes précédents. Le fait que l'imagination du petit garçon soit finalement assez sage là où elle aurait pu s'autoriser plus de fantaisie influencera peu l'impression d'ensemble.
La complémentarité entre propos et mise en images est un modèle du genre. Tantôt le dessin illustre le texte, tantôt il le complète, quand il ne lui fait pas un pied de nez. Ce n’est pas de la BD, ce n’est pas un conte illustré, et c’est finalement bien plus convaincant comme ça. Bravo n’a pas son pareil pour croquer les écoliers et le monde de l’enfance, et sans qu’il y ait de lien de parenté graphique ou autre, des effluves remettent en mémoire les tribulations du Petit Nicolas qui jouerait dans la cour d’à côté. C’est en l’occurrence un compliment avant d’être une véritable association d’idées et encore moins une comparaison de style.
Reste un épineux problème. Dont on se moque totalement finalement. A quel public s’adresse ce joli livre ? Les plus jeunes risquent d’être décontenancés par la forme hybride, entre deux genres. Leurs ainés risquent de rester engoncés dans leurs a priori envers un livre classé Jeunesse et de se priver d’une saine et belle lecture. L’avantage avec les premiers c’est qu’ils sont curieux et que leur éducation se construit au jour le jour. Les autres, on laissera leurs enfants les convaincre, ils savent le faire. Un conte de Noël à l’aube de l’été en tout cas, ça ne se refuse pas.
Les avis
Erik67
Le 25/10/2020 à 16:59:09
C’est le genre d’histoire que j’aime bien car c’est autobiographique. Par essence, j’aime bien quand un auteur nous livre ses expériences personnelles car on peut toujours en retirer quelque chose pour soi.
La particularité de cette histoire est qu’elle émane d’un enfant jusque dans sa narration d’où le titre de cet ouvrage. C’est donc une relation « enfant-lecteur » qui s’établit. Pourtant, ce n’est pas à mon sens une bd pour les enfants. Je n’apprécierais pas par exemple que les miens puissent lire ce récit triste au demeurant fort bien réalisé.
En effet, il s’agit en l’espèce de décrire le traumatisme d’un enfant en bas-âge par rapport à l’absence de la maman. On devine d’ailleurs très vite l’origine de ce départ…
Sans vouloir en révéler plus, je n’ai pas très bien compris l’intérêt d’un tel récit qui demeure finalement très sommaire, voire contemplatif. J’aurais aimé des explications plus poussées à la manière de ce que j’ai lu récemment dans Couleur de peau : miel.
Bien sûr, on me rétorquera que c’est le choix des auteurs et qu’il faut le respecter. Soit. Cependant, cela ne correspond pas à mes attentes ce qui explique ma notation.
minot
Le 15/04/2017 à 21:07:32
Le dessin très simple d'Emile Bravo va de pair avec la tendresse du scénario. Une histoire touchante, qui se lit non sans une certaine émotion, et qui fleure bon la nostalgie de l'enfance et de l'école primaire dans les années 70 et 80.
pluie de diamants
Le 08/01/2013 à 20:39:38
J'ai adoré ce livre, sauf que comme la mère était morte. C'étais pas super pour que je mette 10/10. J'ai pris ce livre parce que c'était une bd. J'adore les bd !
zaaor
Le 25/08/2008 à 01:53:09
Lorsqu'on est tout petit, il y a de ces mensonges d'adulte qui nous semblent si
vrais. Tous les autres aussi font semblant, alors...
Tout le monde autour de lui semble savoir ce qui se passe; lui, n'a pas atteint la
maturité pour le comprendre.
Ça se lit d'une traite avec de belles émotions. Les planches sont très belles,
adaptées à la littérature jeunesse mais avec un soupçon adulte.