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6 décembre 2004. Cette date ne vous dit rien ? Vraiment ? Une vague se forme au fond de l’océan indien qui vient voler 280 000 vies et tout hacher sur son passage …
David de Thuin ne situe pas l’époque, ne nomme pas de lieu. La colère pourrait surgir de n'importe quelle côte.
Philippe, David, une plage, une conversation banale entre copains qui fait état d’une sensation étrange : quelque chose d’exceptionnel se prépare, quelque chose d’inquiétant.
Fichue planète. Fichus hommes qui ne savent pas en prendre soin et lui manquent de respect.
Une première vague, énorme, qui se forme, une rafale de vent, … la menace se fait pressante. Il est urgent de quitter les lieux, qui pour rejoindre son épouse et alerter en ville, qui pour récupérer et protéger ses enfants restés au bord de l’eau.
D’aucuns auraient peut-être eu besoin de laisser glisser leur plume et leur crayon sur de très nombreuses pages pour évoquer un tel drame. Trente-deux, qui plus est imprimées dans un petit format, ont suffi à David de Thuin pour faire le tour de la question.
Tout d’abord, le déroulement du phénomène naturel et ses conséquences, traités à la manière d’un reportage découpé en quatre chapitres que l’on pourrait intituler « Tsunami », « Premier bilan », « Les survivants » et « Sept mois plus tard ».
Ensuite, la relativité, voire la futilité, au moyen de flash-back, de divers engagements, fussent-ils ici à caractère écologique ou religieux. N'y a-t-il pas de quoi relativiser la portée des discours sur les poches en plastique lorsqu’on retrouve le corps sans vie de la personne qui les distribuait sans état d’âme ? Quid des actions menées pour combattre la pollution qui émane des pots d’échappement lorsque le coupable d'un acte de lâcheté écologique se révèle un héros quand il s'agit de réussir là où vous avez échoué : sauver votre enfant ? Est-il encore possible de croire en Dieu après avoir subi le déchaînement de Mère Nature ?
Enfin et de façon plus générale, l’auteur fait allusion à l’angoisse qu’éprouve tout parent à l’idée que le destin puisse un jour toucher sa progéniture.
Le ton, familier, confère à l’ouvrage une impression de grande proximité. L’humour, parfaitement dosé, offre au lecteur un peu de temps pour se détendre. Le trait est d’une grande expressivité tant pour rendre le mouvement que pour évoquer la puissance de la vague qui envahit et engloutit. Les sentiments de panique, de lutte, d’angoisse, d’impuissance, de malaise et d’abattement sont partagés, tout comme les interrogations des divers protagonistes. L'identification à ces êtres errants est aisée et cette histoire pourrait être celle de tout un chacun.
Déjà adepte de l'auto-édition pour les six recueils du Roi des Bourdons, David de Thuin livre avec La Colère dans l’eau un récit bouleversant qui séduit, qui happe et qui submerge d’émotion comme le symbolisent les premières et dernières cases qui débordent sur les couvertures de l’album.
Les avis
herve26
Le 15/03/2011 à 22:13:56
A l'heure où le tsunami du Japon est au premier plan, je me suis replongé (désolé pour ce mauvais jeu de mot) dans ce bref bouquin de David De Thuin.
Récit du Tsunami qui a ravagé l'Asie il ya quelques années, ce livre est poignant, bouleversant et à chaque lecture(et elles sont nombreuses), les larmes me viennent aux yeux à la dernière case.
Tout le talent de David De Thuin réside dans le fait de faire passer des émotions avec un dessin somme toute assez simpliste. Il l'avait déjà d'ailleurs fait avec sa série précédente 'le Roi des Bourdons".
En quelques pages (qui vont de la couverture au"quatrième plat"du livre-car l'auteur utilise au maximum le support du livre) il arrive à rendre le lecteur presque qu'acteur du récit (notamment sur les pages où le père connait un cruel dilemne entre sauver sa fille ou son fils).
Cette bd dépasse tout les reportages TV que vous avez pu voir.
C'est simple, bref, percutant et surtout bouleversant...un must