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J’ai trente-deux ans et une vie de chiotte », Timothée a une opinion bien sombre de son quotidien, mais néanmoins tout à fait objective en l'état actuel des choses. Tout vient de s'effondrer autour de lui et la dépression guette. Seule sa tante, Suzie lui permet d'avoir encore un contact avec l’extérieur. Elle intervient comme un anachronisme dans l’appartement de son neveu dont le centre névralgique se situe sur la table basse placée stratégiquement entre le canapé et une télévision en service permanent. Un aléa oblige cependant Tim à quitter son antre pour se risquer dans la cage d’escalier de l’immeuble. Un rayon de soleil se profile : la rencontre d’une nouvelle locataire. Le décor semble planté.
Le scénario ne va cependant pas dans le mur des facilités que pourrait laisser présager cette mise en bouche. Le découpage infuse un rythme lent qui permet de s’attarder sur des détails visuels ou le texte. Ce dernier étant pour ainsi dire uniquement constitué de dialogues, si l’on excepte la lancinante voix-off qui s’échappe par moments de la télé. L’auteur, M. Alzéal ( Le pantin ) s’amuse avec les mots, parfois justes, parfois moins, tendant au lecteur quelques pistes pour reconstituer le puzzle de son histoire. Il use du même jeu avec le dessin. Le léger, tel un string que laisse entrevoir un taille basse, cotoie le lourd, tel un casque de moto plus diffus, laissant le soin à l’œil d’être alerte. Sans doute la conséquence du caractère autobiographique de ce drame, ce trop plein de retenue provoque en apparence un manque d'épaisseur dommageable pour les individus qui composent ce récit. Cela a pour conséquence de freiner un peu l’intérêt qu’il est possible de leur porter, comme si par pudeur, M. Alzéal n'ètait pas allé au fond des choses.
L’utilisation du noir et blanc était de mise avec une BD au contenu intimiste et un cadrage régulièrement au plus proche des visages permet de percevoir l’évolution des sentiments qui traversent les protagonistes. Sans être particulièrement novatrices, les variations du trait, de la ligne claire au flouté, sont pertinentes et accompagnent avec justesse la cassure psychologique que vit le personnage principal.
Appartement 23 se déroule lentement, tout est perceptible par des sous-entendus régulièrement laissés en suspens dans des cases hantées par le silence ambiant. Cette lecture est à conseiller aux amateurs du genre.
Les avis
Erik67
Le 05/09/2020 à 15:38:14
Ce n'est pas le genre d'album que j'aimerais acquérir non pas que l'histoire ne m'ait pas touché. C'est juste que cela me fout un peu le cafard. J'aime beaucoup la douceur des traits graphiques avec toutes ces nuances sur le noir et blanc. La couverture est également d'une sage sobriété qui reflète un peu l'état d'esprit de ce one-shot.
Il faut dire qu'il ne se passe pas grand chose dans cet appartement 23. On a une gentille tata qui vient rendre visite à un jeune homme de 32 ans qui reste enfermé chez lui à longueur de journée pour regarder des soap-movies à la TV. Même ses pantoufles sont véritablement horribles. Il a fait pitié à une gentille voisine qui lui a offert une autre paire. C'est vraiment attendrissant.
Non, en réalité, ce jeune homme au chômage vient de perdre son meilleur ami. Il n'a plus envie de rien. Il se laisse envahir par la déprime. On ne saura pas grand chose de cette relation d'amitié sauf qu'elle semble sans équivoque possible. Le pire, c'est que j'arrive à ressentir ce qu'il éprouve pour l'avoir également vécu. C'est dur de perdre son meilleur ami quand on est encore jeune. Cet album est un peu intimiste, mais jamais l’auteur ne se permet de se livrer à la complaisante facilité du pathologique.
Le véritable enjeu de ce récit est de savoir s'il va réussir à surmonter cette épreuve. C'est touchant car ce livre contient une part de nous dans les moments difficiles de la vie ...