U
n jeune botaniste, pris en otage par des pirates lors d’un voyage en Jamaïque, est sur le point d’être exécuté par ses ravisseurs. C’est là qu’ils rencontrent la tête du célèbre capitaine Wilson, terreur des Caraïbes. Le crâne est sur le sable, séparé de son corps, mais bien vivant : horrifiés, les pirates prennent la poudre d’escampette, laissant le jeune homme aux prises avec « l’Enragé ».
Les vaisseaux ornés du pavillon à la tête de mort ont le vent en poupe ces temps-ci. Tandis que le septième art recycle les rock-stars vieillissantes en vieux loup de mer pour blockbuster, le neuvième soumet la flibuste à un drôle de régime, la parodie. Le capitaine Ratafia de Nicolas Pothier ayant ouvert la voie, il a donc suffi à Arthur Laperla de s’engouffrer dans la brèche pour proposer un univers qui surfe sur la même vague burlesque, peut-être pas cependant avec le même brio.
L’idée de départ est suffisamment délirante pour proposer d’emblée des situations amusantes, et le personne du capitaine Wilson est réussi : exigeant et colérique, il met tout le monde à sa botte, alors qu’il n’a aucun moyen de pression sur son environnement. Ce potentiel comique est bien exploité par un graphisme léger, trait rond et caricatural avec des couleurs vives et contrastées. De fait, on sourit volontiers aux premiers gags, sans pour autant retrouver la saveur des dialogues très étudiés de Ratafia.
Curieusement, l’album est pris au piège de ses seulement 32 pages : comme s’il avait peur d’être stoppé dans son élan, Laperla ne lance jamais réellement l’histoire et laisse le lecteur sur sa faim. A moins qu’il ne se soit simplement reposé un peu trop sur son concept génial, propice à des situations comiques qu’il peine d’ailleurs à convertir en gags hilarants.
« Alors Tekap ? » lance un brin provocateur le sticker sur la couverture. Pour cinq euros seulement, il est vrai qu’on pourrait se laisser tenter, l’album est rigolo à défaut d’être irrésistible. Et si tout va bien, la suite ne devrait pas trop tarder…