D
ésormais sur le trottoir parmi les prostituées lyonnaises pour infiltrer les réseaux albanais, Claire est devenue Clara. De fil en aiguille elle gagne la confiance du milieu et va bientôt être envoyée directement à la source pour négocier avec la pègre locale. Entraînée toujours plus loin avec Zoran, policier lui-même issu de ce milieu, elle flirte de plus en plus avec les limites…
Graphisme en bichromie original et nerveux, narration destructurée sans temps mort, scénario sans concession, le premier tome paru il y a un an avait déjà secoué le petit monde très conservateur de la BD policière. De retour avec un changement de nom pour la série, et une connotation plus « polar » au passage, Laurent Astier enfonce le clou et confirme les promesses entrevues à l’époque.
Son style fonctionne décidément à merveille, alors que le trait n’est pas a priori idéal pour un polar. Plutôt rond et expressif, lisible et aéré, le dessin est littéralement transformé par la mise en couleurs : il suffit d’ouvrir l’album à n’importe quelle page pour être frappé par une association improbable (orange / bleu, rose / vert…) de deux tons qui envahissent toutes les planches. On est ici dans une sorte de synthèse dans l’esprit entre les couleurs naïves de Watchmen et la bichromie élégante de Berceuse Asssassine, la variation régulière des nuances a même un côté "Pop Art" qui colle bien à l’ambiance underground de l’intrigue.
Le décor étant ainsi idéalement composé, l’intrigue se met en place doucement et progresse selon des chapitres qui ne se succèdent pas toujours de façon chronologique. Pas de problème pour s’y retrouver cependant, les personnages sont suffisamment étoffés pour servir de repère. Cellule Poison est un polar à la française, mais qui va chercher ses inspirations du côté des fictions ultra-réalistes anglo-saxonnes. Les dialogues sonnent vrai, les personnages sont parfois « borderline », l’histoire se veut crédible avant tout et évite intelligemment le politiquement correct.
Sur 96 pages (la série est constituée de doubles albums), Laurent Astier affiche une réelle maîtrise et réalise presque un sans-faute. De fait, la forme est une vraie réussite mais l’histoire elle-même accuse une certaine banalité qui ternit quelque peu l’impression générale. Un final étonnant laisse cependant la porte ouverte pour une suite un peu plus originale sur le fond, qui ferait de cette série un incontournable du genre.
Les avis
Spip 47
Le 31/12/2018 à 22:08:44
Scénario très intéressant et intelligent mais le dessin quel horreur Comme dit l'autre le dessin emprunte au ''comic U.S. '' et au mangas et j'ai HORREUR des deux Vive la BD franco-belge Si je trouve les tomes 3 a 5 en occasion je les achèterais pour le scénario Sinon....