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yant repris cette série couronnée d'un Eisner Award là où elle s’était arrêtée chez Semic après deux tomes, Panini nous livre un nouveau volume reprenant deux aventures complètes tirées des numéros US Gotham Central #16 à 22.
Située chronologiquement après le carnage du Joker dans le tome précédent, la première histoire, signée Greg Rucka et Greg Scott, démarre dans une ambiance d’enterrement. Empiétant déjà fortement sur la vie privée des détectives du GCPD (Gotham City Police Department), le crime ne respectera pas non plus cette période de deuil, plongeant les détectives immédiatement dans une mystérieuse affaire d’empoisonnement au sein d’une firme pharmaceutique de Gotham.
La deuxième histoire va également nous baigner dans une ambiance de séries policières télévisées telles que NYPD Blue ou The Shield, mais en y ajoutant un parfum de Cold Case, en s’attaquant à une vieille affaire non résolue : le massacre de l'équipe de baseball des Hawks. Si c’est surtout ce second récit signé Ed Brubaker et Michael Lark qui fait la force de cet album, l’introduction de l’ex-flic Harvey Bullock, personnage charismatique au gros cigare qui orne la couverture arrière et sorte de version améliorée de l’inspecteur Robby dans Jessica Blandy, n’y est certainement pas étranger.
En situant leurs histoires dans le fief de Batman et de ses ennemis les plus célèbres, les auteurs vont réussir à installer une relation complexe et très intéressante entre les citoyens ‘normaux’ de Gotham City et ses personnages mondialement connues. Cela résulte en un récit policier de grande qualité et à la construction classique, mais qui puise son originalité du cadre où se déroulent ces enquêtes : Gotham City !
En poussant le bat-justicier volontairement en arrière-plan de cette série, les auteurs se donnent la place nécessaire pour sortir les policiers de Gotham de l’ombre de Batman, permettant ainsi d’établir une relation ambiguë entre les vrais flics et la chauve-souris.
Tensions, fatigue, heures sup et problèmes personnels sont quotidiennement au menu des protagonistes de Gotham Central, dont le développement de la psychologie constitue une des forces majeures de cette série où rapports humains, suspense et apparitions de Batman et consorts sont savamment dosées.
Au niveau graphisme, Michaël Lark et Greg Scott contribuent à installer l’ambiance réaliste requise par ce récit très humain à mille lieux des histoires de super-héros classiques, tout en faisant ressortir le décor sombre et pesant de cette ville où sévissent les meilleurs clients de l’asile d’Arkham.
Malgré un côté original qui s’estompe inévitablement au fil des tomes et une chaise musicale (plutôt réussie) de la part des auteurs, Gotham Central est un must pour les amateurs de drames policiers dans un univers de superhéros, tels que Top Ten ou Small Gods, pour n’en citer que deux.