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i>"Tu peux pas savoir comme tu m'as manqué, 5 ans c'est long, surtout dans une vie aussi compliquée que la mienne ! Par où commencer ? Solange est maman d'un petit Lulu, il est adorable et ressemble de plus en plus à son père... Je te laisse deviner qui c'est. Ma soeur a eu besoin de se changer les idées, trop de changements et si peu de temps pour tout encaisser, donc c'est tata Catherine qui s'occupe du petit bout de chou. Ma vie a pas mal changé depuis son arrivée d'ailleurs, j'essaie d'aller mieux, je fais moins de cauchemars mais je ne suis toujours pas en harmonie avec moi-même, je n'arrive pas à m'aimer... Peut-être pourras-tu m'aider ? Ah, j'ai appris par hasard que ma mère était décédée... Ca ne m'attriste pas, au contraire, mais je flippe à l'idée d'affronter mon père après tout ce temps. J'ai peur que d'anciens démons viennent me hanter une nouvelle fois. J'aimerais tant que tu me prennes dans tes bras, que tu me protèges. Avec toi, je me sens bien, tu me donnes la force d'exister. Je t'aime...
Catherine"
La couverture annonce le ton, le premier triptyque du Style Catherine s'achève dans le bonheur. Il était temps ! Après une sombre histoire de proxénétisme dans Urgent besoin d'ailleurs et de drogues dans Le plaisir égoïste du partage, on allait finir par croire que sa vie ne pourrait jamais être joyeuse et que sa mort par overdose ou suicide n'allait pas tarder à arriver. Le rôle de confident et ami, que nous offre Catherine depuis le premier tome, est si fort, que la voir pleine d'optimisme et le sourire aux lèvres fait chaud au coeur. Un peu comme si un être cher sortait enfin la tête hors de l'eau. Ainsi, le parti-pris narratif était risqué mais force est d'avouer qu'il fonctionne très bien.
Bien entendu, tout n'est pas si rose dans Parfum d'éternité. En revenant près de ses parents, Catherine se livre à une introspection et tente de comprendre la lâcheté de son père. Par la même occasion, elle dévoile ses blessures d'enfance et le type d'éducation qu'elle a reçu. Autant d'informations qui permettent de mieux comprendre les évènements qui ont eu lieu dans les deux premiers tomes. Une manière supplémentaire de montrer sa confiance également. En tout cas, la présence du petit Lulu modifie complètement le ton de l'histoire. Sa naïveté candide et son innocence en font le rayon de soleil de Catherine et lui permettent de réapprendre à positiver et à vivre. On quitte ainsi ce beau petit monde dans un happy end touchant et émouvant.
L'approche graphique de Thierry Bouüart confère, à l'instar de la narration, un charme et une identité propre à la série. Pour arriver à créer une atmosphère bien précise, il n'hésite pas à gratter son papier à dessin ou encore à projeter de la gouache sur ses planches. Ces procédés apportent une dimension poétique à son dessin, accentuée également par un choix de couleurs pastelles judicieux de la part de Benoît Bekaert. L'aspect presque "sale" du rendu final peut surprendre au départ mais il se révèle très vite comme l'intermédiaire de circonstance entre Catherine et le lecteur, le témoin de ses émotions.
Le Style Catherine, c'est l'histoire d'une adolescente à la dérive hantée par son passé, l'histoire d'une jeune femme qui nous manque déjà, l'histoire d'une amie dont on est le confident... Une histoire à découvrir !
>> Chronique du Tome 1 "Urgent besoin d'ailleurs"
>> Chronique du Tome 2 "Le plaisir égoïste du partage"