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bigaïl Van Alstine est une adolescente comblée par la vie. Très jolie, pom-pom girl, elle n'a pas son pareil pour affoler les mâles de son âge, ce qui n'est pas sans déplaire à son pasteur de père. Mais, comme toute adolescente qui se respecte, Abigaïl sait aussi se faire rebelle. Et invoquer un démon n'est pas forcément la meilleure des idées qui aura germée dans son esprit juvénile...
L'on peut légitimement être inquiet après un tel "pitch": thème archi-rebattu, du cultissime l'Exorciste au Sixième Sens ("I see dead people") ou encore aux sitcoms telles que Charmed en passant par Buffy, tout ou presque aura été dit ou montré. Eh bien peut-être pas tout à fait. Necromancer, série s'annonçant clairement destinée aux ados et post-ados, n'est pas tout à fait sans surprises. En témoigne le déferlement de violence ultra-gore du début où la famille d'Abi ainsi que ses amis se fait proprement massacrer par un démon en colère. On s'éloignerait donc du "picturally correct" pour flirter avec l'interdiction au moins de 16 ans ?
Cette incursion hors des sentiers battus sera de courte durée. Le dessin trop lisse de Francis Manapul décrédibilise l'ensemble. Tout virtuose qu'il puisse être (il a collaboré à Witchblade, petit clin d'œil caché pour les attentifs), on reste en décalage par rapport au récit, très loin de la puissance horrifique d'un Templesmith (Criminal Macabre) ou d'un McFarlane (l'incontournable Spawn). Bien sûr il ne faut pas perdre de vue le public visé mais du coup le scénario de Joshua Ortega en devient bancal, alternant passages où visiblement il se bride avec d'autres carrément mièvres (l'affrontement de Berzelius et Abigaïl avec l'aide de ses amis en est curieusement un sommet).
Dommage donc, un public d'adultes, enclin à tous les excès, aurait sans doute pu laisser libre cours à l'imagination d'Ortega. Au lieu de cela, on a droit à une version gore d'Harry Potter, les Mangemorts et les Détraqueurs en moins ! Et puis, finir un album intitulé Necromancer par un "l'amour est la clé de toute magie" restera quand même dans les annales du ridicule le plus achevé.