A
près son échec dans l’affaire Cadoudal, Gabrielle Baubriand est sollicitée par le consul Bonaparte. Préparant l’invasion de la Grande Bretagne, il lui demande d’accompagner outre-Manche le mystérieux Masque d’Argent afin de relever les positions de l’armée britannique le long des côtes. La jeune femme accepte, espérant par la même occasion y retrouver Lagny, ancien ami de son père qu’il aurait pourtant assassiné. Elle intègre donc la bonne société française immigrée à Londres mais s’aperçoit bientôt que son chaperon est un agent double.
Gabrielle B. possède tous les ingrédients des romans populaires d’aventures façon Alexandre Dumas. Complots et trahisons, quête et bateau sont bien là. Ce qui change c’est le choix d’une héroïne volontaire, engagée au service de la République, mais bien jeune et inexpérimentée. En effet, Dominique Robet n’hésite pas à faire échouer la damoiselle Baubriand dans les missions qui lui sont confiées. Gabrielle est donc loin du modèle du héros charismatique et parfait, connaissant le succès dans chacune de ses entreprises. Au contraire, la scénariste la montre emportée par les évènements, incapable de les maîtriser ou de les anticiper. Elle souligne par là même sa fragilité, sa jeunesse et sa condition de femme.
Dans ce deuxième volet, l’aventure l’emporte sur l’enquête de Gabrielle concernant le décès de son père des années avant. Si elle se rend à Londres pensant y retrouver Lagny chez lequel elle a retrouvé l’épée de son géniteur, elle n’avance guère de ce côté. Mais le lecteur sait de toute façon à quoi s’en tenir depuis les premières pages du tome 1. L’intérêt est plutôt porté sur la mission d’espionnage de Gabrielle et les menées de Masque d’Argent alias le marquis de Folmesnil, aristocrate métis. Ce dernier à lui seul confère tout son piment à cet opus d’outre-Manche. Rappelant le fameux chevalier de Saint-Georges, il est tout aussi entouré de mystères et difficile à saisir. Il est regrettable que le format de la série ne permette pas que son personnage soit plus développé.
Le dessin d'Alain Robet est classique, réaliste et expressif. Toutefois, les traits sont épais voire grossiers et dénaturent parfois les visages, si bien que ceux-ci ne sont pas toujours reconnaissables d'une case à l'autre. Ce n'était pas le cas dans Le guerrier aveugle. Certaines planches très réussies font écarter l’idée d’une baisse de qualité graphique. Peut-être s’agit-il plutôt d’un défaut d’encrage et d’impression. C’est ce que suggèrent également les couleurs moins nuancées de ce Masque d’Argent qui tranchent trop avec celles du tome 1. Dommage.
Malgré ses imperfections, le deuxième opus de Gabrielle B. n'est pas à bouder et donne envie de prendre rendez-vous avec la jolie corsaire pour achever l'aventure dans le 3ème album.
>>> voir le site de Gabrielle B.
Les avis
herve26
Le 02/09/2021 à 10:39:25
Deuxième et avant dernier épisode de notre Surcouf en jupons, Gabrielle B. Après un premier opus réussi, j'ai été un peu déçu par celui-ci. Non, au niveau du scénario qui reste dans la continuité du précédent- encore qu'après un récit d'intrigues, celui ci fait beaucoup plus place à l'aventure -, mais par le dessin qui m'a semblé beaucoup moins fin, avec un encrage assez raté. Bref, Gabrielle B. a perdu le charme qu'elle avait dans "le guerrier aveugle".
Reste une aventure originale d'une femme flibustière sous le consulat. Les fans de Vidocq et de corsaires ne seront certes pas déçus par cette série qui a pour principal atout, et ce n'est pas des moindres, de nous divertir.
Décidément Bonaparte a le vent en poupe dans la bande dessinée. Il joue, en outre, tout comme dans" Double Masque" de Jamar et Dufaux, le grand maître des espions et des intrigants.
Un épisode plus alerte, plus vif que le précédent, avec des rebondissements, mais un dessin un peu deçà, et je le regrette, que le premier volume .
BFH
Le 15/03/2009 à 23:36:33
Femme corsaire, espionne de Bonaparte…
Le deuxième opus de la série d'aventures romanesques et maritimes Gabrielle B. de Dominique et Alain Robet (que vous aviez pu découvrir en avant-première sur Auracan.com) nous permet de continuer à découvrir l'originale biographie d'une attachante femme corsaire œuvrant pour la toute jeune République française…
Ayant échouée dans sa précédente mission (nous noterons la rareté d'une telle situation scénaristique, les auteurs craignant généralement, et trop souvent, de ne pas prêter à leurs héros les meilleurs rôles…), la fougueuse et fort peu expérimentée capitaine Gabrielle Baubriand, plus à l'aise sur son cotre corsaire que sous les lambris des salons de l'aristocratie britannique, découvre et apprivoise rapidement une société qui n'est pas la sienne.
Il n'empêche, la jeune Gabrielle a du répondant et sait, non sans appréhensions, déjouer certains mauvais tours, et arrive, tout en se laissant charmer, à user des privilèges que sa relation avec Masque d’Argent, étonnant double rôle, peut lui permettre… Sans se faire garce, l'intrépide héroïne des Robet ne se laisse avoir et mène à bien sa mission, tout en laissant le lecteur sur un suspens digne des meilleurs récits à rebondissements !…
À suivre donc dans la suite de cet épisode qui, soulignons-le, est honoré d'une préface du spécialiste des services secrets Roger Faligot, récemment auteur d'une copieuse Histoire secrète de la Ve République (La Découverte). Il y a pire comme caution…
voltaire
Le 14/12/2007 à 13:23:53
L'action de ce deuxième opus est un peu plus soutenue et le dessin toujours aussi beau dans sons classicisme. Une bonne BD donc qui, magré tout, ne révolutionne guère le genre mais se lire lire sans déplasir.