L
es petits riens. Selon la cote d’amour que l’on attribue à l’auteur, voilà un titre de série qui résonnera comme une marque d’humilité ou comme un avertissement. Un lecteur ayant lu valant au moins deux hommes avertis, pas question de passer à côté de ce petit carnet. Et là, forcément une page d’histoire mêlée d’actualité s’impose.
Le lien est désormais coupé avec l’Association dont il fut l’un des fondateurs et Lewis Trondheim préside (il est des étiquettes qui resteront…) aux destinés de la collection Shampoing chez Delcourt. Avec envie et curiosité, l’amateur espérait un mélange d’audace et de liberté, propice à la découverte de nouveaux talents. Un peu comme si on transposait un pan de l’Asso sous l’égide d’un éditeur capable d’assurer une large diffusion et de mobiliser une force de promotion conséquente. D’aucuns diront que ça existait déjà, et que ça s’appelle Poisson pilote chez Dargaud. Peut-être mais pas tout à fait. Il est de toutes façons trop tôt pour dresser ne serait-ce qu’une esquisse de premier bilan.
Revenons à nos petits riens c'est-à-dire un gros fascicule (ou un petit recueil) qui rappelle forcément les quatre Carnet de bord publiés entre 2002 et 2004 (L’Association). La formule plait à la fois aux auteurs et aux lecteurs et c’est donc reparti pour une nouvelle volée en y intégrant un nouveau paramètre : les pages ont d'abord été pré-publiées sur internet. Pour Shampooing, Lisa Mandel et son Libre comme un poney sauvage avaient ouvert le bal quelques semaines avant le patron et l’on sait que Joann Sfar devrait en proposer un dans quelques temps (lui dont le dernier en date, Caravan, "pesait" près de 850 pages et qui avait annoncé avoir renoncé à l’exercice avant de truffer quelques uns de ses derniers albums de ses espaces de liberté).
Soit, mais et La malédiction du parapluie dans tout ça ? Doit-on le considérer comme autre chose qu’un 5ème Carnet de bord ? Non si l’on s’en réfère au Lewis qu’on y retrouve : père de famille inquiet, hypocondriaque notoire et paranoïaque léger (le Chikungunya, quelle bénédiction !), impitoyable envers lui-même et les autres. Et auteur emblématique invité des festivals les plus divers qui en dévoile les coulisses (rien qu’un peu, n’exagérons rien) et nous invite une nouvelle fois à visiter l’île de la Réunion. Une petite piqûre de rappel (aïe !) pour les initiés, une découverte pour les autres. Ah si, à ne pas oublier, c’est en couleur. Et ça change tout ? Pour un peu on prendrait au sérieux la formule pince sans rire (ou pas, il est toujours délicat de placer le curseur du second degré et de l'auto-dérision) de la dernière interview publiée dans le journal de Canal BD : « J'ai juste fait cela pour apprendre à maîtriser l'aquarelle ». De ce point de vue, force est de constater que pour un coup d’essai, c’est franchement réussi.
Les avis
Yovo
Le 22/11/2020 à 19:20:50
Il n’y a pas tromperie sur la marchandise, ce premier tome donne rapidement le ton : comme son titre l’indique, ce petit livre est rempli de riens, au pluriel. Trondheim nous y raconte sa vie d’auteur de BD jour après jour. On adhère ou pas à l’exercice, forcément nombriliste. Mais force est de constater qu’au-delà de sa petite personne, dépeinte comme toujours sous les traits d’une sorte de cacatoès, cela se révèle souvent intéressant, parfois drôle et teinté d’une autodérision inattendue quand il fait de ses angoisses et névroses le sujet de ses gags, en exposant ainsi son personnage aux jugements.
pokespagne
Le 29/09/2014 à 19:52:14
Le premier tome de l'excellente série des "Petits Riens", compilation d'un blog en BD narrant les "aventures" quotidiennes d'un Lewis Trondheim qui se prend visiblement la tête plus qu'à son tour, "la Malédiction du Parapluie" n'a peut être pas encore l'excellence formelle qui se développera peu à peu avec la maturation du "concept", et avec la croissante maîtrise de l'aquarelle dont témoignera Trondheim, mais il a sans doute sur ses successeurs l'avantage de la fraîcheur. L'empathie que crée Trondheim avec ses lecteurs est remarquable, et on se laisse rapidement séduire, et même parfois émouvoir, par ce regard pour le moins curieux que Trondheim jette sur le monde, sur les autres, sur la vie. Un regard jamais surplombant, jamais arrogant - Trondheim lui-même étant normalement la première victime du ridicule -, un regard qu'apprécieront surtout, il faut bien le dire, les plus paranoïaques et les plus hypocondriaques d'entre nous.
Hugui
Le 08/06/2008 à 13:22:29
Ces petits riens portent bien leur nom, comme il le dit Lewis ne peut rien contre les grands problèmes du monde, mais il peut observer ce qui se passe autour de lui. On comprend qu'il soit copain avec Larcenet, entre parano !
Bref ces petites histoires sans intérêt se laissent lire et finissent par amuser quand on se reconnait dans ces situations, surtout que la mise en image est assez réussi.
pimbo
Le 04/04/2007 à 21:30:03
Début un peu lent mais lorsqu'on rentre dans le personnage de Lewis Trondheim on prend plaisir.
Les thèmes évoqués sont d'actualités, les aquarelles sont très réussies.
En résumé, très bien à condition de se laisser prendre au jeu.
nikhos
Le 08/11/2006 à 17:05:23
les amateurs de lewis trondheim risquent fort d'être très déçus par cet ouvrage. C'est plat, insipide, une suite de mini-histoires qui rappel étrangement le blog de frantico mais sans l'humour et surtout sans le talent de ce dernier. On a vraiment l'impression que l'auteur a tenté de surfer sur la vague "frantico" mais sans y arriver le moindre instant.
Bref, très décevant. l'auteur est vraiment en perte d'inspiration et je reste courtois...