A
près maintes péripéties, Tho-Radia a enfin pu s’enfuir de la sinistre Monoposie et rejoindre la Confédération des Etoiles (capitale : Watchingtown). Elle y retrouve Spongia, qui se fait passer pour le professeur Barzavotzig, et craint d’ailleurs d’être reconnu par la chanteuse. Ils font la connaissance du président Konadry qui hésite à s’engager dans une guerre avec leur pays d’origine…
L’air de rien, avec les seules 32 pages réglementaires et toujours ce ton léger qui contraste avec la gravité des idées dénoncées, ce troisième épisode apporte son lot de nouveautés et montre que la série a trouvé son rythme de croisière. Deux des héros ont quitté l’austère dictature pour rejoindre la brillante démocratie, et, comme il fallait s’y attendre, celle-ci n’est pas aussi merveilleuse qu’on pouvait le penser. Anne-Claire Jouvray s’amuse à modifier totalement l’ambiance via des couleurs beaucoup plus chaudes pour la Confédération que pour la Monoposie (y compris sur la couverture), mais ce n’est qu’une façade que Stéphane Presle fait rapidement voler en éclats.
Dans cette série, l’action est souvent prétexte à l’absurde, l’essentiel du propos passe donc par les personnages. La mélancolie de Tho-Radia, le cynisme de Spongia, le rage vengeresse de Barzavotzig, la stupidité de la vieille femme, l’espoir de Schmutzig… un ensemble de comportements qui composent peu à peu la véritable trame, mais qui n’est pas très simple à percevoir au départ. Ces anti-héros étonnants et passionnants sont rejoints par un nouveau protagoniste qui n’a rien à leur envier côté complexité, président malgré lui, irrésolu et influençable. Sans trop savoir où les auteurs le mènent, le lecteur ne peut que savourer cette galerie de portraits et observer les parallèles plus ou moins lointains avec des sociétés moins imaginaires. Et peut-être aussi regretter que l’extravagant prenne parfois le dessus sur la nécessité de faire avancer l’intrigue.
L’exercice est ambitieux mais délicat : faire sourire et faire réfléchir tout en développant un minimum l’histoire pour faire durer le plaisir sur 12 épisodes de 32 pages (qui paraîtront désormais en albums traditionnels cartonnés de 64 ou 96 pages). Pour l’instant les Jouvray et Stéphane Presle y parviennent plutôt bien, mais ils n’ont pas choisi le style le plus simple pour un feuilleton. Mais pour une fois que la barre est placée un peu haut, on ne va pas s’en plaindre !
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