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ugues essaie de se faire une place dans la vie, et ce n’est pas facile, entre un premier job pas franchement passionnant dans une librairie* qui n’emploie que des femmes de plus de cinquante ans, un premier appartement sordide, une homosexualité impossible à revendiquer dans une trop petite ville de province, des flirts décevants et une famille affligée par le cancer incurable de maman. Alors quoi, y’a plus qu’à se flinguer ? Non : le goût de vivre reviendra grâce à Lucien, rencontré grâce aux petites annonces. Pas parce que ce sera le parfait amour, mais justement parce que Lulu est un mec compliqué !
« Si le mot cul est dans une phrase, le public, fût-elle sublime, n’entendra que ce mot. » Cette pensée extraite du Journal de Jules Renard apparaît de façon anecdotique page 31. Elle est également rappelée en quatrième de couverture du Petit Lulu, comme si elle illustrait parfaitement ce livre. Ce qui est un peu gonflé tout de même. Certes, le livre d’Hugues Barthe ne parle pas que de cul. Il y est plus généralement question des relations humaines. Mais les dites relations sont tout de même souvent sexuelles, et le cul EST un des sujets au cœur de ce livre.
Avec un graphisme stylisé à la lisibilité soignée (du Joe Matt en plus rigide), Barthe compose un récit sensible, jamais caricatural qui se révèle en fin de compte assez pudique et, paradoxalement, très introverti.
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* Vendeur en librairie, c'est un métier monotone, fatigant, frustant et plus culturiste (les bouquins, ça pèse !) que culturel. Le constat est identique chez trois auteurs de bande dessinée : l'Américain Alex Robinson (De mal en pis), le Canadien Peter Bagge (En route pour Seattle) et le français Hugues Barthe. On attend avec impatience l'auteur qui apportera un contre-avis sur ce métier. Un mangaka, peut-être ?