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éjà associés chez Soleil pour la série Règlement de contes, les deux Damien (Marie et Vandenstraeten) troquent l’Ouest sauvage et les contes enfantins classiques pour le rayon ‘polar sordide’ de la collection Grand Angle de chez Bamboo.
Dans un petit bled perdu au fond du Kansas répondant au nom de «Hope», la plupart des habitants vivent dans l’espoir de pouvoir un jour quitter ce patelin paumé. Là, une seule route d'accès où personne ne passe, quelques motels crasseux, des petits bars mal éclairés et enfumés, une ambiance rurale du fin fond des States propice au cauchemar qui va percuter le destin des deux principaux protagonistes de ce récit. Décor et ambiance de descente aux enfers pour Scott, le joueur de poker qui voit très vite sa chance tourner et Cody, le garagiste minable qui réussit à se retrouver dans une chambre d'hôtel en compagnie de l’inaccessible serveuse du saloon local.
La couverture, sombre, attire immédiatement l’attention et préfigure le contenu de ce polar jubilatoirement noir. Le récit cueille dès la première page, l'intrigue prend aux tripes et l'attention ne se relâche plus avant la fin. Comme dans d’autres chefs-d’oeuvre du genre, via un procédé de narration en voix off qui fait penser à Frank Miller, le lecteur s’installe au cœur du raisonnement des personnages. Cela permet de suivre la spirale dans laquelle les deux protagonistes de cette trilogie sont entraînés.
Comme le titre de ce tome laisse présager, l'histoire assez simple, basée sur deux destins parallèles, invite à accompagner tour à tour ces deux individus, en passant habilement d’un parcours à l’autre. Le rythme est habilement dosé, le suspense va crescendo jusqu'à la dernière page, distillant son lot d'abominations et d’horreurs qui se cache derrière ce décor typiquement américain.
Le graphisme précis et très clair peut surprendre dans un premier temps. Une certaine logique aurait voulu qu'il se mette au diapason de l'histoire en adoptant des tons en accord avec l’ambiance glauque et malsaine installée par l’histoire. La faute peut-être à une couverture saisissante qui marque l'esprit au point d'attendre que chaque case en reprenne le style. Pourtant, il n'y a pas de reproche particulier à lui faire tant il soutient le récit de manière convaincante et contribue à la lisibilité de cet album.
Au final, dans le genre polar noir, Deux droites parallèles positionne Welcome to hope comme Le coeur de Telenko l'avait fait pour Berceuse assassine : un premier volet qui place la barre très haute en matière de promesses. Avec un titre pareil c'est un moindre mal...
Les avis
Erik67
Le 22/11/2020 à 22:26:13
Bienvenue à Espoir résonne comme un message qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré. Il y a certes l'espérance de devenir plus riche en jouant au poker ou en misant sur des combats de chiens féroces. Cependant, la réalité est tout autre. C'est un trou perdu dans le Kansas profond où les jeunes filles peu farouches essayent de fuir avec le premier venu.
J'ai bien aimé cette atmosphère à la fois glauque et sans concession. Pour autant, la fin un peu abrupte ne m'a pas convenu. Cependant, à y réfléchir de près, cela ne pouvait être autrement.
Hope va nous laisser un goût amer. C'est sordide à souhait pour rappeler que l'Amérique profonde n'est pas un eldorado. Pour cela, il faut bien attirer les touristes: welcome to Hope !
BIBI37
Le 15/06/2011 à 23:10:26
Critique acide d'une Amérique profonde à lire aussi bien au premier qu'au deuxième degré.
Excellent polar avec de "vrais" personnages ni tout blanc ni tout noir.
Une réussite.
7/10.
Hugui
Le 09/12/2007 à 19:55:22
Très noir, très dur, très bien dessiné, à ne pas lire par temps de cafard, mais une bd qui tient en haleine.
Les filles sont un peu trop belles et les méchants un peu trop affreux pour être réalistes, mais c'est ce qui laisse un peu d'espoir après avoir lu, ouf ça ne peut pas être la réalité !
yvantilleuil
Le 30/09/2006 à 16:29:31
«Satisfait ou remboursé», «coup de cœur», «indispensable» ... il y a des libraires passionnés par le neuvième art qui ont le courage de tenter de diriger les achats de leurs clients vers certains albums et cela malgré des goûts et des couleurs qui varient souvent énormément d’un lecteur à un autre. Pour ma part, le libraire peut garder mon pognon car cet album « coup de cœur » est bel et bien déjà un indispensable parmi mes achats de 2006.
Déjà, il y a cette couverture bien sombre, qui attire immédiatement l’attention quand on balaye du regard les (trop) nombreuses nouveautés étalées dans les librairies. Une couverture bien sombre tout comme le contenu de ce polar judicieusement noir.
Une narration qui vous cueille dès la première page, vous prend aux tripes et ne vous lâche plus avant la fin. Une voix off qui, tout comme dans d’autres chef-d’oeuvres du genre, tels que "Sin City" ou "Berceuse assassine", vous emmène au cœur du résonnement des personnages. Une narration qui va nous permettre de suivre la descente aux enfers des deux protagonistes de cette trilogie : Scott, le joueur de poker et Cody, le garagiste.
Une histoire pourtant assez simple, basée sur deux histoires parallèles, où l’on va accompagner tour à tour ces deux individus, en passant habilement d’une histoire à l’autre. Un rythme excellent, un suspens que l’on devine encore plus grand sur la page suivante et qui nous emmène crescendo vers la dernière page.
Comme décor, un petit bled perdu au fond du Kansas répondant au nom de «Hope», car la plupart des habitants y vivent dans l’espoir de pouvoir un jour quitter ce patelin paumé. Une seule route où personne ne passe, motels crasseux, petits bars mal éclairés et enfumés, une ambiance du fin fond des States, décor propice au développant de ce thriller sombre qui emmène lentement ses lecteurs vers l’abomination et l’horreur qui se cache derrière ce décor typiquement américain.
Le graphisme précis et très clair pourrait être un peu plus sombre afin de contribuer un petit peu plus visuellement à l’ambiance glauque et malsaine installée principalement par la narration et l’histoire. Mais, même si le dessin n’installe pas cette ambiance glauque dans chaque case comme il le fait brillamment sur la couverture, il la suit très bien et contribue à la lisibilité excellente de cet album.
Bref, le meilleur début de triptyque depuis "Berceuse assassine" dans le genre polar noir !
edgarmint
Le 10/09/2006 à 19:59:42
Lu aujourd'hui, du Jim Thompson en BD : du bien noir comme il faut, des personnages irrécupérables. Dans ce genre, cette BD est une belle réussite tant au niveau narration qu'au niveau dessin.
Je conseille aux amateurs.
madlosa
Le 16/08/2006 à 18:24:24
Je n'ai aimé ni les dessins, ni les couleurs. Les personnages me semblent figés dans des stéréotypes et le scénario ressemble trop à une mauvaise série noire. Attendons le second volet pour voir...éventuellement.