D
'où vient-il ? Qui est-il ? Il est sorti de l'eau, ça, il s'en souvient. Il a marché, il a cherché de quoi boire, puis il est tombé dans un puits mais a pu se rattraper à une... une espèce de liane. Il ne sait pas qui il est, où il est, pourquoi est-ce qu'il y est. Mais il connaît ce vaisseau, car c'en est un. Chaque salle, chaque plante lui est familière. Dans ses visites, il ne parvient pas toujours à se servir des objets qui sont autour de lui. Sauf des machines, comment se fait-ce ? Et qu'est ce que c'est que cette fresque, sur un dôme ? Que raconte-t'elle ? Son histoire ? Celle du vaisseau ? Est-il au moins seul dans cette partie de l'univers jamais explorée, dans cette matière fantôme ?
Matière Fantôme est un album difficile à résumer. On ne sait strictement rien au début, et à peine plus à la fin. Pourtant, tout le long de l'album, chaque révélation, chaque découverte prend une importance énorme, mais au fur et à mesure que le personnage vieillit ses perceptions paraissent diminuer, ou tout du moins se brouiller. A la fin, ces personnages, les invente-t'il ? Hugues Fléchard joue avec les standards du genre pour mieux tromper son lecteur, le perdant brillamment dans une masse d'informations pour ensuite l'en priver totalement. Et c'est cette frustration, cette envie de connaître la suite et de comprendre pourquoi ce personnage est là qui reste. Les deux prochains tomes, séparés mais formant ensemble une méta-histoire avec le premier, donneront on l'espère un peu plus de pistes.
Stéphane Douay, quant à lui, s'est fait plaisir en créant ce personnage famélique, aux os saillants, dans lequel on pourrait presque reconnaître des réminiscences de son Don Quichotte dans la manche (chez Vents d'Ouest). Dans un décor laissant la part belle à l'imagination, seul ce corps presque torturé ressort, et évolue, vieillit surtout. Irène Häfliger, dans cet univers de machines et de solitude, varie sur une gamme de couleurs simple, les noirs. L'album est sombre, on y voit peu dans ce vaisseau abandonné par la lumière, éclairé par des champignons phosphorescents. Et c'est probablement pour cette raison que sa fresque, superbe carte grattée, ressort avec tant d'intensité au milieu de toute cette obscurité sur une double page à la beauté troublante.
Matière Fantôme est probablement le genre d'albums à ne pas lire dans les périodes de grande déprime. Cependant, on y sent une grande puissance, et au fur et à mesure des lectures on se prend à ressentir, chaque fois un peu mieux, la détresse de ce personnage perdu dans un monde qu'il connaît mais ne reconnaît plus. Reste à attendre la suite, pour voir comment va évoluer cette histoire. On sait déjà qu'on changera de héros. Enfin, on pense...
Les avis
Prince Jules
Le 29/05/2023 à 20:45:14
Oh que j aime ce type de BD où se mélange philosophie de la vie (de la mort), ambiance post apocalyptique et sombre! Les dessins aident bien a rendre l ambiance lourde et puis s éclaircissent à mesure que le personnage et nous en apprenons plus sur le Chemin a suivre. BD qui se lit bien (20min), histoire intéressante, beau graphisme. Je vais prendre la suite !!
Erik67
Le 03/09/2021 à 17:02:46
Matière fantôme est une bien étrange série à portée un peu philosophique voire métaphysique à l'image du film culte 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. C'est vrai que l'idée de départ était intéressante mais le développement m'a peu convaincu.
Cela se lit pourtant très bien malgré quelques enchaînement hasardeux. Un homme cherche à comprendre pourquoi il se retrouve tout seul à bord d'un vaisseau à la dérive dans l'espace intersidéral. A aucun moment, il ne se passe quelque chose avec le lecteur pour rendre ce personnage attachant. Dès lors, cela n'intéressera guère le lecteur.
Alpha, bêta et delta : l'ordre n'est pas logique à l'image de cette série iconoclaste. C'est certes ambitieux dans le concept mais guère amusant ou émotionnel. Au final, c'est trop abstrait à mon goût pour pouvoir pleinement apprécier.