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us et Miquet vivent avec leurs parents dans la petite ville de Déroulède. Leur père est chômeur, délocalisation ça s'appelle, et leur mère est éboueuse. Elle fait vivre la famille avec son seul salaire, y compris pour la boisson pour son mari alcoolique. Mais le jour où la mairie restructure le service et qu'elle perd son emploi, l'horizon se bouche brutalement. Et lorsqu'un directeur de cirque propose d'engager Gus dans sa troupe de montreur de spécimens de foire, les parents acceptent. Et donnent Miquet en prime.
Depuis Gueule de Bois, on connaissait le goût de Philippe Foerster pour le bizarre et l'étrange. Avec Monstrueuse Parade, les monstres sont à tous les coins de rue. Ou de roulottes. Homme tronc, femme à barbe, enfant-mérou... Une fois passées leurs différences physiques, les personnages entrent dans une valse folle et absurde, où un docteur psychopathe, un enfant un peu trop imbu de lui-même et un poulpe jouent un rôle non négligeable. Le scénario bien ficelé enchaîne les surprises, ne créant des certitudes au lecteur que pour les effacer quelques planches plus tard.
Muriel Blondeau adapte dessin et couleurs à cet univers délirant, et sous sa plume chaque monstre est bien plus humain que les plus "normaux" des visiteurs du cirque. Le trait un peu caricatural et les couleurs à l'aquarelle donnent une sensation de douceur, de livre pour enfant, qui contraste avec la relative cruauté du propos.
La collection "Un Monde" de chez Casterman s'est fixé pour objectif de présenter des univers de dessinateurs peu conventionnels, avec des scénarios solides. C'est à nouveau une réussite pour Monstrueuse parade qui aurait cependant peut-être gagné à une couverture moins sobre et plus représentative de l'album.