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ais pourquoi faut-il que dans la banlieue des Hauts-Vents les choses soient toujours aussi compliquées et dramatiques ? Le bonheur n'a t-il pas droit de cité ? Djin est enfermé dans un mutisme complet depuis un traumatisme subi dans son enfance. José, jadis débordant d'ambition, n'est finalement qu'un petit journaliste de quartier en train de perdre sa femme Fatiha, lassée de cette absence de perspectives d'avenir. Quant à Rachid, il suffit qu'il commence enfin à s'épanouir pour qu'une jambe cassée lui stoppe tous ses projets. Non, c'en est trop, ça ne peut plus continuer. Est-ce que la venue d'un nouveau curé va enfin pouvoir changer la situation ? Ou bien faut-il plutôt chercher l'espoir dans un sourire de clown ?
Ce serait manquer sérieusement de respect envers Luc Brunschwig que d'en divulguer davantage, tellement le soin apporté à la narration est au cœur de son travail, entraînant le lecteur dans un cheminement bien particulier. Sa précédente collaboration avec Laurent Hirn avait donné naissance au Pouvoir des innocents, une série d'une dureté inhabituelle rapidement devenue une référence du genre. Le sourire du clown aborde des thèmes similaires, et tristement d'actualité, mettant en exergue les difficultés et la violence dans les banlieues. Il s'appuie sur des personnages charismatiques et complexes dont on attend qu'ils fassent tomber leur masque. Une nouvelle fois Luc Brunschwig excelle dans la construction d'une histoire poignante. Difficile de ne pas être sensible ou révolté face à de telles situations cruelles et douloureuses. Quelle frustration alors de n'avoir entre les mains que la première partie de ce triptyque ! Les auteurs jouent avec nos nerfs ! Il n'y a plus qu'à espérer que ce nouveau récit saura se démarquer foncièrement de son prédécesseur, ce qui n'est que partiellement le cas pour l'instant.
Laurent Hirn peut être lui aussi très fier du résultat tant les progrès qu'il a fait depuis ses débuts sont stupéfiants. Il nous avait déjà très agréablement surpris avec le dernier tome du Pouvoir des innocents, ici ses planches en couleurs directes sont admirables avec en particulier beaucoup soin apporté dans son approche des couleurs et des cadrages. Par ailleurs, il participe largement à l'émotion générale du récit. Il suffit pour s'en convaincre de constater l'expressivité qui se dégage de ses visages, en particulier quand il s'agit de tristesse.
Enfin, on ne peut finir sans un mot pour souligner le remarquable travail apporté dans la conception de cet album. La maquette est belle, le papier épais et l'impression parfaitement réalisée. Autant de détails qui renforcent le plaisir de lecture d'un album captivant.
Les avis
Erik67
Le 05/09/2021 à 11:17:15
La scène d'introduction est une apothéose comme seul sait le faire Brunschwig. Cela avait bien commencé mais voilà que l'on commence à s'y perdre dans ces flash-back.
Pire encore et cela ne pardonne pas une erreur de datation !!! La scène commence en 1994 par le meurtre du clown Groko. Quand son compagnon Glock va se recueillir au cimetière sur sa tombe, on peut lire 1934-1989 !!! Il n'y a rien de pire qui m'énerve quand je lis une BD que les auteurs se trompent de date surtout s'il y a des retours dans le passé.
Ici, les scènes flash-back ne font pas bon ménage avec le reste. Il y a un sérieux manque de coordination. Et puis, l'histoire de ce prêtre qui fournit des armes aux mômes de la cité, c'est d'une incrédulité.
C'est vraiment dommage car cette BD avait tout pour plaire à commencer par un excellent dessin.
Rody Sansei
Le 07/12/2015 à 13:34:59
Un premier tome lourdingue et plutôt soporifique, un deuxième juste ennuyeux, et un troisième faussement psychologique où les pseudo-révélations n'en sont pas. J'ai trouvé cette série simpliste, faussement d'actualité, et inutilement alambiqué. On est vraiment très loin d'un Holmes, du même scénariste, et je ne comprends pas le succès (d'estime) qu'a pu avoir cette BD...
BIBI37
Le 14/07/2010 à 19:13:08
Impression mitigé mais plutôt favorable.
Le scénario est une vrai réussite et vaut surtout pour la richesse de ces personnages. On y regrette parfois le cliché sur les banlieux.
Les graphiques sont accrocheurs mais un peu moins bons que dans le pouvoir des innocents.
L'histoire est bien construite avec sa dose de suspens et d'action.
Peut-être une future grande série.
Attendond le tome 2.
7/10.
okkkko
Le 03/02/2010 à 12:33:36
Comme pratiquement tout les albums des éditions futuropolis, les albums sont de beaux objets : papier de qualité, couleur magnifiques, dessins soignés c'est vraiment très confortable et agréable à lire ....
Le scénario est pas trop mal !! Globalement c'est un peu un V Pour Vendetta aux Hauts du lièvre, un comics à la française,les finitions et le dessin de qualité en plus ... Les 1er tome et 2éme tomes sont captivants,le 3éme décevant car on espérait être plus surpris, quelque chose qui dépasse le genre du comics , mais ça retombe ...dommage...
madlosa
Le 02/08/2008 à 13:05:55
Ce premier volume ne se laisse pas lire facilement, il convient de passer quelques barrières pour entrer à pas de loup dans cet univers où le sourire d'un clown peut s'avérer dangereux voire subversif. Djin nous emmène avec lui dans son pays où la poésie flirte avec la violence. Le problème des cités y est abordé de façon originale. Que font tous ces gens ? qui est ce diable de prêtre pas très catholique à la mission un peu trouble ? Pour ma part je trouve les planches superbes et le choix des couleurs judicieux car il oppose parfaitement le monde du rêve et de l'enfance à la réalité du monde adulte. A lire en prenant son temps...
voltaire
Le 10/07/2008 à 19:50:20
Dessin magnifique, scénario ambitieux, voici des éléments forts pour cette BD.
Situer l'action dans une banlieue déshéritée qui reprend progressivement espoir grâce à un vieux clown puis son disciple muet depuis un traumatisme de l'enfance est aussi une excellente idée.
Seul bémol, le costume poche aux entournures, l'emploi des flashback n'est pas toujours suffisamment explicite ou tranché, l'argument dramatique est inexistant ou presque. C'est le contexte qui porte l'action et cela affaiblit donc l'histoire.
Et pourtant, sans ces défauts, on pouvait atteindre le sublime et en un mot : le chef d'oeuvre.
zaaor
Le 16/02/2007 à 15:42:18
Il faut lire les oeuvres de Brunschwig dans leur intégrale, c'est ainsi qu'elles frappent le plus. Un bon début qui situe les personnages, aligne l'histoire.
Pour le moment, tout est encore possible. Depuis "Le pouvoir des innocents" je me demande toujours qu'elle sera la surprise réservée aux lecteurs.
Un bd de qualité. Dommage qu'on doive toujours attendre les suites. J'aime le tout cuit dans le bec lorsque l'intégrale est disponible. Mais ça, c'est moi et ça n'engage aucunement l'auteur et son immense talent...
philippe_grenier
Le 29/04/2006 à 05:20:27
Après avoir auparavant fait équipe pour la réalisation de l'excellente série Le Pouvoir des innocents parue chez Delcourt, les auteurs Luc Brunschwig et Laurent Hirn se retrouvent pour offrir à leurs lecteurs le premier tome de la nouvelle série dramatique Le Sourire du Clown.
Pour cet album, un premier coup d'oeil, qui se veut initialement de courte durée pour regarder rapidement le contenu, se transforme presqu'automatiquement en observation approfondie des planches finement dessinées par Laurent Hirn, puis magnifiquement rehausées par la mise en couleurs inspirée du dessinateur. Et c'est ainsi que le lecteur se fait capturer par ces planches réalisées avec brio et devient témoin de l'histoire de Djin, un jeune garçon de la cité Les Hauts Vents, dont la vie est changée pour toujours, suite à un triste malentendu le jour du 5 juillet 1994. S'ensuit un bon dans le futur de quelques années, et c'est toujours le même Djin blond qui est présenté à la suite de l'histoire, toutefois, le sourire qu'il arbore sur son visage n'est plus celui du bonheur dû à l'insouciance de la jeunesse, mais celui inversé de la tristesse, représentatif de la réalité de la vie dans la cité: c'est le sourire du clown.
En bref, un premier album où la beauté des planches offre un contraste marqué avec la dureté du sujet, et où le lecteur se sentira captivé par l'histoire pour n'en ressortir qu'à la 64e page!
foretdambre
Le 24/04/2006 à 09:35:47
Je ne peux que participer au flot d'éloges des personnes qui ont déjà donné leur avis sur cette BD.
Un grand moment !
mougenot
Le 22/02/2006 à 08:45:48
très émouvant!
C'est avec plaisir que j'ai lu cette bd, qui se ressent avant tout. Une histoire émouvante, des dessins non sans rappeler un certain Gibrat (?), des personnages attachants, expressifs et émouvants, enfin et surtout, une fin, déchirante, et quele fin ! Le seul petit bémol, c'est que certains passages (surtout en fin d'ouvrages) tassent un peu l'histoire, mais à par cela, le sourire du clown, est un ouvrage essentie et nécessaire.
safedreams
Le 30/12/2005 à 10:51:48
Je ne suis pas rentré dans l'histoire. Je m'attendais a un peu de fantastique...une histoire a rebondissements etc. L'histoire est très réaliste et vraiment superbement raconté en effet. Les dessins sont également beaux. Mais personnellement, j'ai l'impression de lire un fait divers banal, une chronique de banlieue triste. C'est très fin certe mais je lis des bd pour m'évader du quotidien, du réel et surtout pas pour m'y replonger plein pieds. Surtout que l'histoire n'est pas d'une grande originalité, suffit de lire les journaux... Et puis, non, moi je ne trouve pas que le papier (collection futuropolis) est beaux où de qualité. La couverture et la reliure est très bonne mais le papier me fait penser à du papier toilette de mauvaise qualité... Les couleurs sont plus pastels qu'ils ne le serait avec un autre papier. ça pête moins et ne rends pas hommage aux choix des couleurs. A lire absolument quand on aime se plonger dans une fine analyse du quotidien tragique...
Sly
Le 21/12/2005 à 23:25:26
Tout d'abort c'est un superbe objet cet album, de très bonne qualité ! Papier épais, belle maquette, un travail soigné.
On l'ouvre, le dessin de Hirn est superbe, de la couleur directe à en tomber, les visages, la composition, tout est maitrisé.
Début de lecture, les premières pages chaudes en couleur, gaie, presque naïves ... en 4 pages PAF, une claque, comme un coup au plexus solaire, sonné, puis quelques pages où on ne saisi plus, où, comme les personages, on a du mal à raccrocher l'histoire, du mal à encaisser ...
Puis elle reprend son cours l'histoire, on débrouille ce qui se passe, on la réalité quotidienne revenir, dure et douce, amère et joyeuse ... enfin plus les premiers que les seconds ... ordinaire quoi.
Et puis tout s'enflamme, bascule, dégènère ... et ne s'eteint pas. De nouveau on est perdu, mais révolté, balloté entre le présent et le passé proche, et puis tout sombre, de plus en plus bas, et les masques ne sont pas encore tombés, les choses sont elles liées ou n'est-ce qu'un abominable hasard ?
Que dire sinon bravo MM Brunschwig & Hirn, bravo et merci.
Un album magistral.
starter
Le 21/12/2005 à 12:00:44
Une superbe BD où le désarroi et la folie humaine se mêle pour nous faire vivre des instants dramatiques mais où sous la violence pointe un petit espoir. Ne le laissons pas s’échapper, les protagonistes sont criants de vérité…Voilà une vraie analyse de notre société.
Une BD à ne manquer sous aucun pretexte
yvantilleuil
Le 24/11/2005 à 15:48:39
Attention, Brunschwig, le maître du scénario (« Vauriens », « Esprit de Warren », « Pouvoir des Innocents », « Makabi », …) vient encore de frapper et de frapper fort et surtout juste.
Si Brunschwig avait l’habitude de nous emporter aux Etats-Unis, c’est avec un timing incroyable qu’il revient en France pour nous parler de ces banlieues qui font actuellement la une des journaux télévisés avec la réinstauration du couvre-feu.
C’est bel et bien la banlieue qui joue un rôle central dans cette histoire, une banlieue qui vit, qui souffre, qui chauffe et qui va finir par exploser. Le récit se construit lentement, mais arrivé à un certain moment on sent bien que l’escalade est proche et que ça peut péter à n’importe quel instant. Ca s’embrase par moment, puis ça ce calme, mais c’est mal connaître Brunschwig et surtout les banlieues de croire que l’accalmie est définitive.
Il y a bien deux clowns qui essayent de mettre un sourire sur le visage des habitants, mais il suffit d’une balle dans la tête ou dans le dos pour effacer définitivement le sourire du clown. Le petit Djin, incapable de parler depuis que le sourire du clown a disparu, représente le malaise qui règne dans la banlieue. Il a connu trop de misère et de malheurs et depuis, la souffrance de sa vie défile sans même laisser de traces sur son visage. Tout comme la banlieue il encaisse les malheurs sans broncher, ne montrant qu’un masque afin d’exprimer son mal-être. Mais ça commence à bouillir et tout comme Djin, la cité des Hauts-Vents risque de ne jamais s’en remettre.
Il faut aussi avoué qu’elle est belle cette BD avec une couverture et du papier de grande qualité. Un dessin à l'aquarelle somptueux aux couleurs pâles et alternant lumières et ambiances sur un papier épais. Le tout empêche le dessin de venir nous éclater au visage et nous oblige au contraire à plonger dans l’univers explosif des banlieues dessiné par Hirn. Ca donne un petit côté absorbant, voir envoûtant.
Et afin d’être un brin critique vis-à-vis de ce premier tome qui s’annonce précurseur d’un véritable chef-d’œuvre il faut bien entendu déplorer que la date gravée sur la pierre tombale de Groko ne corresponde pas à la date de sa mort.
Mais bon, il est à supposer que les auteurs s’excuseront de cet erratum en produisant le tome suivant beaucoup plus rapidement que le dernier tome de « Esprit de Warren » et surtout que le deuxième tome « Urban Games » (on peut rêver non), afin de produire la suite tant que le sujet est encore chaud.
edgarmint
Le 20/11/2005 à 22:31:15
J'ai eu un instant peur en commençant la lecture, une crainte de miévrerie gentillette... Puis sans prévenir, le coup part et ça ne s'arrête plus jusqu'à la dernière case, je peux déjà dire "vivement la suite".
Première qualité : la BD dans son ensemble, la couverture et le papier sont de qualité, c'est un beau livre et ce n'est pas désagréable, loin s'en faut.
Ensuite, le dessin et les couleurs sont beaux : la technique employé est la peinture, nous ne sommes pas en présence d'une "BD de plus" classique.
Puis l'histoire : une mise en place, puis une accélération du rythme, je n'en dirai pas plus... A vous de lire. Quoiqu'il en soit, j'apprécie vraiment ce choix qui consiste à ramener la BD sur notre territoire et après l'excellent "le pouvoir des innocents" des mêmes auteurs, je considère comme un plus ce retour en France. Cela nous donne un côté plus réél, tout en évitant les poncifs que l'on peut trouver dans certaines BD ou l'action se situe à l'étranger. Le décor, nous le connaissons, il est même (hasard du calendrier ...) d'actualité : une cité.
J'espère que la suite sera à la hauteur, le niveau de ce premier tome et l'actualité le réclament !!!