Résumé: Son nom ne vous dit rien.
Et pourtant il est l’un des plus grands héros
de la Première Guerre mondiale…
En 1914, alors que tous les hommes sont appelés au Front, Albert Roche, petit paysan drômois, est réformé, jugé trop chétif par les médecins militaires. Pourtant le jeune chasseur alpin souhaite se battre et rejoindre ses camarades sur le champ de bataille. Grâce à sa détermination, et aussi un peu à son insolence, il est envoyé en première ligne. Au milieu des combats sanglants, le jeune homme enchaîne les exploits. Et en 1918, le bilan est époustouflant : Albert Roche a été blessé neuf fois et a fait 1 180 prisonniers allemands en trois ans de guerre. Un héros hors du commun. Mais un héros oublié…
E
n 2023, le groupe de Métal Sabaton offrait à son public la chanson First Soldier qui racontait, dans les grandes lignes, la bravoure incroyable d'un soldat français durant la Première Guerre mondiale. Le titre fut largement commenté par les Youtubeurs spécialisés en vulgarisation historique et par des blogueurs parmi lesquels l'Odieux connard. Ce dernier avait, quelques temps plus tôt, déjà scénarisé l'histoire de cet homme, dessinée par son acolyte Monsieur le Chien, pour le premier tome du Petit théâtre des opérations. Avec cet album, et sous son véritable patronyme, Julien Hervieux revient sur la vie d'Albert Roche dans un style plus sérieux.
Qualifié de "premier soldat de France" par Foch lors d'une cérémonie à Strasbourg, le chasseur alpin Albert Roche est ensuite tombé dans l'oubli. Ce jeune paysan de la Drôme, jugé trop fragile pour l'armée, parvient à aller au front en raison de son caractère bien trempé, de son audace et de la cour martiale qui l'y envoie. De missions en combats, ce soldat fait à lui seul mille cent quatre vingt prisonniers allemands ! Son parcours lui vaudra le privilège d'être l'un des porteurs du cercueil du soldat inconnu.
Grand Angle commence une nouvelle collection dédiée à l'Histoire, ciblant les héros de guerre. L'ambition est de sortir de l'oubli des personnalités dont le parcours pourrait être qualifié de "hors du commun". Loin de retourner à une certaine tradition historiographique dépassée depuis les années 1970, les auteurs prennent l'individu pour raconter sa vie et ses rôles dans un contexte hors norme. Le postulat de départ est simple : rendre hommage. Un travail à la fois historique et mémoriel louable, qui est déjà fort présent dans la démarche du scénariste Julien Hervieux. Aussi, il parvient à produire une trame narrative chronologique facile à suivre ; cela permet de mieux connaître son personnage, qu'il surnomme le Captain America français dans les interviews. Sans romancer (la vie d'Albert Roche est déjà assez riche comme cela), il met l'accent sur les moments décisifs depuis son envie de s'engager à son décès accidentel, en passant par le sauvetage de son lieutenant et sa carrière de pompier.
Eric Stalner déploie tout son talent pour insuffler le dynamisme nécessaire à ce genre d'album. Cet auteur est un habitué des récits ayant un fond historique. Ici, il échappe aisément au piège de l'aspect figé et statique de nombre de productions biographiques. En effet, rien que la couverture en dit long sur l'ambition de l’artiste pour coller au mieux à la vie du personnage principal. L'instantané montre un soldat Roche pris dans l'action, comme un reporter de guerre aurait pu le faire. Le dessinateur sait également varier les compositions de ses planches. Celles des moments captés sur le front proposent un décor sur lequel se greffent les cases par la suite. Enfin, Stalner assure également la colorisation de l'album. Là encore, sa maîtrise est à saluer.
Héros de guerre : Albert Roche est un album historique et biographique passionnant de par son dynamisme et sa mise en image. Loin d'héroïser la guerre ou de glorifier les batailles, les auteurs ambitionnent de faire sortir de l'ombre des parcours incroyables d'individus, qui sont devenus ignorés du grand public. Une collection à suivre pour les bédéphiles aimant l'histoire.
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La preview
Les avis
Empereur Renard
Le 04/02/2025 à 02:22:24
La BD est excellente.
Cependant, je vais m'attarder sur les défauts, puisque les autres avis seront sur le positif. Ces défauts ne gênent en aucun cas la lecture, ce n'est seulement que pour les passionnés d'histoire comme moi. Les pages indiquent où sont les erreurs mentionnées :
-Il manque cruellement de repères temporels, de dates.
-Les Allemands n'ont utilisé le casque d'acier Stahlhelm que vers le milieu de l'année 1916; avant cela, ils utilisaient le casque à pointe Pickelhaube. (Pages 6, 9, 10, 11, 28, 29, 31, 34 et 35)
-La moustache était obligatoire dans l'armée depuis 1832, or elle est trop peu présente parmi les personnes dans les dessins.
-Il y a trop de capote croisée (manteau à deux rangées de boutons). En raison de stock important, la capote poiret (manteau à une rangée de boutons) était utilisée jusqu'à la fin de l'automne 1916 où à partir de là, la capote croisée la remplaça progressivement. La capote poiret était utilisée depuis 1915 pour économiser du tissu, or le grand nombre de maladies pulmonaires fit revenir la capote croisée protégeant mieux. (Page 30, 31, 32, 33, 34, 35 et 36)
-Le casque Adrian modèle 1915 n'a vraiment commencé à être distribué que vers la fin de l'année 1915. (Pages 26, 27, 28 et 29)
-La mitrailleuse lourde Hotchkiss modèle 1914 n'utilise pas une ceinture de minutions, mais une bande métalliques rigide de 24 cartouches, et plus tard, notamment pour les chars, des bandes métalliques articulées de 250 cartouches. (Page 28)
-La date indique novembre 1916, or nous voyons un char Saint-Chamond qui a vu son baptême du feu durant la bataille du Chemin des dames en avril 1917. D'ailleurs, il s'agit du 3ème modèle qui n'a combattu qu'en 1918. En plus de cela, sur la même case, le char britannique Mark I a un canon beaucoup trop court et sur la page juste avant, le char n'est pas un Mark I mais probablement un Mark IV au vu du manque des roues directionnelles arrières et d'arceaux sur le toit, anachronique là encore. (Pages 44 et 45)
-Le filtre du masque à gaz ARS 17 n'était pas incliné vers le bas. (Page 58)
-Le prénom d'Auguste Thin a été mal écrit en "Augustin". (Page 62)
-Le car manque l'insigne de Citroën à l'avant. (Page 64)
-Outre tout cela, l'erreur la plus classique reste les barbelés emmêlés dans des morceaux de bois, alors qu'ils étaient entremêlés à l'intérieur de "queue de cochon".
Je recommande donc au dessinateur et au scénariste de faire preuve de plus de vigilance envers ce genre de détails pour enrichir l'expérience.
addrr
Le 09/10/2024 à 19:23:39
Un héros français par trop méconnu, et cet album lui rend un très bel hommage.
Les dessins et le découpages sont vifs, incisifs, et l’histoire se lit vite mais intensément. C’est ce qu’il faut pour ce type d’ouvrages.
Super lecture qui nous apprend des choses en plus de divertir.