Résumé: Theodore Oldhabit possédait un fusil avec dessus son portrait gravé par Annie Oakley, future gâchette légendaire. Son fils Gunthrie part le déposer dans le cercueil de ce salaud de père, scalpé à Little Big Horn. Or, le fusil est la cible de mercenaires, le portrait étant le seul moyen d'identifier Theodore, escroc moins mort qu'annoncé. Porter le même nom ne fait pas une famille, c'est dans le sang que les liens se créent.
V
ivant au fin fond du Nevada, dans une famille dysfonctionnelle, Gunthrie quitte la ferme où il a grandi. Premier objectif, se rendre dans le Wyoming pour retrouver la tombe de son père et y glisser le fusil sur lequel est gravé le visage du patriarche. Entreprenant de le suivre discrètement, sa sœur vole un cheval, ce qui rend furieux le propriétaire de la bête. S’ajoutent des chasseurs de primes à la recherche du héros, lequel croise un couple de riches investisseurs… qu’un escroc ne manque pas de dépouiller.
Avec ses nombreux personnages, le scénario de Christophe Cazenove (Les Petits mythos, Les Sisters) est un tantinet brouillon. Une forme de fil conducteur finit tout de même par émerger du chaos et parvient à lier les segments en apparence disparates. Le lecteur se demande néanmoins où l’auteur veut en venir avec son drame familial disjoncté. Cela dit, le rythme est enlevé, les rebondissements pullulent et il est impossible de s’ennuyer à la lecture du premier tome de cette nouvelle série.
Le dessin semi-caricatural de Serge Carrère (Léo Loden) apparaît sympathique. Ses images traduisent un dynamisme collant très bien à l’esprit du livre. Son coup de pinceau semble toutefois rapidement exécuté et l’expressivité des comédiens en souffre. Les décors, généralement généreux, traduisent un monde crasseux et violent, en cohérence avec les canons d’un style littéraire hypercodifié.
Plusieurs séries westerns sont apparues au cours des dernières années. Certaines respectent les codes du genre et adoptent un ton réaliste (Wild West, Marshall Bass, Undertaker, Duke), d’autres les réinventent en mettant en scène des personnages atypiques (Six, Ladies with guns, Stern). Avec son protagoniste empoté et maladroit, Gunthrie semble appartenir à cette seconde catégorie. Cependant, sans être fondamentalement inintéressante, la proposition ne se distingue pas vraiment dans un marché sursaturé d’histoires de cowboys.