Info édition : 1 page de bios + 1 page de pub "Zorro" série TV + 2 pages "Découvrez les mondes de Sean Murphy". Contient ZORRO: MAN OF THE DEAD #1-4.
Noté "PREMIÈRE ÉDITION".
En fin de recueil, postface de M. Lauffray et galerie de couvertures (18 pages).
Résumé: Dans la ville mexicaine de La Vega, tout le monde honore la mémoire de Zorro qui, 180 ans auparavant, aurait signé le porche de l'église de son célèbre Z. Tout le monde, sauf les cartels. Ces derniers voient d'un mauvais œil cette célébration populiste, symbole de révolution, au point d'assassiner l'acteur chargé de cet hommage. Vingt ans plus tard, ses deux enfants, Rosa et Diego, finissent par recroiser le chemin du cartel parricide et doivent se rendre à l'évidence, l'heure de la vengeance a sonné.
À
La Vega, Zorro est plus qu’un mythe ou une légende : c’est une idole. Tout le monde le célèbre, convaincu de son existence et de sa contribution pour protéger la vallée. Il y a 180 ans, il se serait même rendu dans l’église et aurait orné la porte de son célèbre Z. Depuis, honorer sa mémoire est devenu un rituel lors du dia de los muertos. Mais cette tradition n’est pas du goût de tout le monde. El Rojo, le chef local du cartel du pavot, veut y mettre un terme. Accompagné de ses sbires, il fait irruption lors de la célébration et assassine de sang froid l’acteur encapé sur scène. La fête est finie ; Rosa et Diego se retrouvent orphelins.
En 2023, Sean Murphy conclut sa version remarquable de Batman. La tentation de poursuivre l'exploration du personnage est grande. Mais il ne faut pas trop tourner en rond. Et si s’attaquer à celui qui a inspiré la création du superhéros était une occasion de continuer l’aventure, par un biais détourné ? Problème : à l’époque de Zorro, il n’y a pas de voitures. Or, l’auteur américain n’a jamais réalisé de comics sans dessiner une bagnole. Il imagine alors rapidement une scène où Zorro ferait tâter de son épée à ses adversaires, debout à l’arrière d’une voiture en marche. Le point de départ est trouvé (à quoi peut tenir l’origine d’un scénario !). L’histoire se déroule donc au Mexique, à l’époque contemporaine et les ennemis à combattre sont les papes de la drogue. Une histoire de vengeance, assez classique, est alors narrée. Le récit est un divertissement agréable mais ne se limite pas à cet aspect. Car, à travers ses personnages, la fabrique des héros est interrogée. Diego semble bloqué dans un passé largement révolu tandis que sa sœur a bien les pieds sur terre. Mais, ni l’un ni l’autre ne divaguent. À leur manière, ils poursuivent un idéal et fédèrent autour de leur cause.
Crayons à la main, Sean Murphy (Punk Rock Jesus, Tokyo Ghost) fait ce dans quoi il excelle. Des mâchoires acérées, des scènes d’action, un trait énergique et des cases ultra dynamiques. Surtout, il livre des pleines planches qui mériteraient d’être encadrées ! Le genre de pages où le regard admiratif des amateurs peut s’abandonner de longues minutes ! Happé par l’enchaînement des péripéties, captivé par le soin accordé aux détails, le bédéphile n’a pas le temps de s’ennuyer. Il atteint la fin de l’ouvrage avec le seul regret que le voyage ne s’éternise pas un peu plus.
Revitalisation enthousiasmante d’un héros parfois oublié, Zorro : d'entre les morts est une franche réussite de plus pour la (récente) collection Urban.
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Les avis
minot
Le 21/07/2024 à 15:52:15
Les aventures de Zorro au XXIème siècle. J'ai bien aimé cette version revisitée du célèbre vengeur masqué, principalement pour sa partie graphique, avec un dessin très dynamique et fort agréable. Le scénario est par contre beaucoup plus convenu et très manichéen (des "gentils" luttent contre un méchant cartel pour libérer la population locale entièrement sous leur coupe), voire même par moments ridicule (Zorro qui ne sait pas ce que sont des voitures et des révolvers ...).
Sympa néanmoins dans l'ensemble.
Shaddam4
Le 12/07/2024 à 11:11:05
Voir Sean Murphy s’offrir une variation sur le personnage de Zorro n’est guère surprenant. Ce très américain dessinateur trouve dans le Renard une icône du mythe américain et lui permet d’étudier (très légèrement…) à nouveau le lien entre mythe et réalité crue, après son très bon Plot Holes et bien sur la réinvention de Batman. Seuls les aveugles ne verront pas en Zorro l’ancêtre du Chevalier Noir, jusque dans sa Caverne que l’on pourra comparer avec amusement avec la Batcave de Murphy. Réalisé via un financement participatif, cet album en quatre parties (qui atterrit étrangement dans la collection Urban plutôt quand dans le format comic classique) n’a d’autre justification que l’envie d’un des cadors de l’industrie comics de se faire plaisir graphiquement.
Pour le coup on retrouve toutes les qualités du dessinateur et notamment sa capacité à proposer des pages posées à la composition marquante (on notera en comparaison la très banale illustration de couverture choisie par l’éditeur français) et la dynamique de ses cases sur une aventure qui regorge d’action. Trop sans doute. Car si l’on prend un sincère plaisir de lecture loisir on a immédiatement le sentiment, en refermant le livre, d’un petit caprice de dessinateur avec une intrigue famélique et vue mille fois. En choisissant de transposer la figure de Zorro de nos jours dans une vallée gangrénée par un cartel Murphy ne cherche pas d’autre vraisemblance que celle de lui permettre de dessiner les bagnoles dont il raffole. Le reste se bricole pour faire rentrer le tout en quatre parties et en allant piocher des personnages directement dans ses précédentes créations (comme ce guérillero dont on ne sait rien hormis qu’il semble débarquer de Punk Rock Jesus).
La bonne idée est de faire de Zorro un benêt que le traumatisme d’enfance a cantonné dans les histoires. Se prenant pour Zorro (et en ayant le talent athlétique), il jacte à l’ancienne en se croyant dans les aventures du héros masqué. Cela crée un humour en décalage avec la crudité des affrontement très sanglants contre les mafieux. Cet apport participe à la dynamique d’ensemble mais ne participe pas à construire des relations entre personnages et une histoire intéressante.
On ressort donc avec un plaisir immédiat mais le sentiment tenace que Sean Murphy s’est bien amusé mais n’a jamais tenté de créer une BD digne de ce nom. Si vous êtes amateurs du personnage de Zorro ou fana de tout ce que fait Murphy cela pourra vous contenter et justifier de conserver ce bel objet dans votre bibliothèque. Pour les autres ce Zorro s’avère un effort très dispensable et très oubliable auquel on préfèrera le Don Vega bien plus intéressant.
Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/07/12/zorro-dentre-les-morts/