Info édition : Noté "Première édition". Contient 10 nouvelles. A la fin de chaque histoire "Un mot d'excuse" d'Anaïs Bon.
Résumé: Un alibi est une réponse ou un mode de défense d’une personne soupçonnée d’un crime ou délit,
pouvant aller du vol de bonbons au meurtre avec préméditation : la preuve irréfutable de son
innoncence...
Au XIVe siècle, il signifie « s’être trouvé ailleurs au moment où un crime a été commis » mais ne
prendra le sens juridique que nous lui connaissons que des siècles plus tard. Au sens figuré, alibi prend le sens de justification : des agences d’alibi ont fait leur apparition au Japon en 1990 puis en Europe. Ces agences fournissent des justificatifs
qui permettent à leur client d’expliquer une
absence, qui, le plus souvent, concerne l’adultère...
Q
ui dit crime parfait dit alibi solide. Les éditions Philéas savent bien de quelle manière les bas-fonds et la justice fonctionnent et, après un premier album collectif mettant en scène des meurtriers habiles, elles reviennent avec un complément sur la meilleure façon d’éviter de se retrouver en prison.
Même formule, mais maîtres d’œuvre renouvelés, L’alibi présente huit nouvelles ayant comme sujet commun les excuses ou les manœuvres imaginées par des présumés coupables pour confondre les enquêteurs. Évidemment, tous les plans ne se déroulent pas toujours exactement comme prévus et, parfois, le dindon de la farce se retrouve gros jean comme devant (et inversement). La version KKK anthropomorphique du Petit Chaperon Rouge de Richard Guérineau décape. Olivier Berlion offre une touchante relecture de «l’ami-avec-qui-on-a-passé-la-soirée» et le duo Springer/Lambour invente l’omerta passive plus ou moins involontaire, suivant les témoins interrogés. Classiques, décalées ou téléphonées, les différentes intrigues s’avèrent bien construites et visuellement frappantes (Thierry Robin et Richard Guérineau se démarquent particulièrement). Quant aux mobiles, vengeance, mesquinerie, problèmes de voisinage ou crise existentielle radicale, ce sont toujours un peu les mêmes. Depuis Raymond Chandler et Georges Simenon, au pays du polar, tout n’est que jeu de miroirs et écrans de fumée.
Anthologie noire d’excellente tenue, L’alibi offre un joli éventail de situations variées impeccablement mises en images. Une lecture recommandée à tous les amateurs de faits divers sanglants et de morale à géométrie variable.
Les avis
Pierrot de la lune
Le 09/11/2023 à 22:16:17
"Le crime parfait" avait été une découverte fruit du hasard et un très bon moment de lecture. L'exercice est pour le moins original mais les contraintes de style (respect du thème et histoires courtes) donnent une rigueur d'ensemble. C'est un album de qualité. Décliner un thème de cette manière est pour le moins inhabituel mais je suis agréablement surpris par le résultat. Le crime parfait est réussi car l'alibi est au rendez-vous !