A
près la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont fait d'énormes investissements dans le domaine de la biogénétique afin de trouver le moyen de créer des surhommes. Passés d'innombrables échecs et des cobayes dilapidés, une équipe a pu être mise en place : "Enola Gay", un groupe de super-soldats au service du pays, honorant ses valeurs, obéissant à tout. Toutefois, en ce début de 21ème siècle, le plus symbolique d'entre eux, "l'Américain", comprend qu'il est manipulé et qu'il sert avant tout les desseins de politiciens avides de pouvoirs et totalement insoucieux des problèmes du pays. Son devoir est alors de révéler la vérité au peuple, même si pour cela il doit affronter ses anciens compagnons.
Au delà d'une classique aventure de super héros, Cla$$war se présente ostensiblement comme une critique amère du pouvoir américain, son président Georges W. Bush en tête. Dès lors, les éditions Delcourt n'ont pas laissé passer l'opportunité de le comparer à l'incontournable Watchmen de Alan Moore qui présente une approche similaire. Toutefois, ce dernier reste un récit complexe, abouti, merveilleusement construit, et il ne faut surtout pas chercher l'équivalant ici. Cla$$war est en effet un récit plus porté sur l'action, très rythmé, le tout avec beaucoup d'ironie et de causticité, parfois même un peu trop malheureusement car la crédibilité de l'ensemble en pâtit. Passons sur les dialogues dans l'ensemble assez pauvres, une des grandes qualités de l'album vient de sa fin très ouverte qui incite à la réflexion. Qu'adviendrait-il si des armes aux pouvoirs dépassant toutes les imaginations, entre de mauvaises mains, devenaient incontrôlables ? Le nom de l'équipe fait bien entendu tristement référence à la bombe atomique et les auteurs semblent vouloir nous dire : "lecteurs, la suite de l'Histoire est entre vos mains...."
Graphiquement dans la lignée des comics modernes, Cla$$war s'avère être une belle réussite, même si on est loin des sensations procurées par un Watchmen. Ce comics fut par ailleurs élu meilleure série de super-héros chez un éditeur indépendant en 2002, et l'option cinématographique a déjà été vendue. Une preuve que nos amis d'Outre Atlantique conservent un certain esprit critique.