V
enise au XVIIIe siècle n’est déjà plus la ville somptueuse qu’elle fut jadis. Des intrigues amoureuses aux manipulations politiques, sa décadence est inéluctable. C’est cette époque de débauche qu’ont choisi Warnauts et Raives pour narrer les aventures d’Alessandro Beltrame, fils naturel d’un puissant sénateur et de Dorina Tron, redoutable manipulatrice.
Avec plus d’une vingtaine d’albums à leur actif, Warnauts et Raives sont des modèles de longévité en matière de collaboration scénariste-dessinateur (Equatoriales, Congo, L'Orfèvre ...). Depuis 1985, ce duo fonctionne avec une méthode originale : Warnauts écrit le scénario, le dessin est réalisé à quatre mains et Raives s’occupent des couleurs. Leurs différents albums et séries sont le signe d’un intérêt constant de la part des lecteurs et d’une confiance durable de la part de leurs éditeurs. Ce huitième tome des Suites Vénitiennes se situe bien dans cet état d’esprit. Comme Giacomo C., le récit se déroule à Venise avec un cadre magnifique, idéal pour dérouler des intrigues et des complots. Clara n’échappe pas à ces critères : Dorina Tron, après avoir comploté dans l’ombre, se retrouve prise au piège, elle perd la maîtrise des évènements. Malgré quelques longueurs, l’intrigue voit quelques-unes de ses composantes enfin résolues.
La simplicité du trait ainsi que sa finesse illustre parfaitement le faste d’une ville mythique. Mais ce qui ressort de cet album c’est cette mise en couleurs aux tons très vifs et chaleureux. Le principal défaut provient du traitement des ombres. Les personnages n’apparaissent pas toujours à leur avantage, certaines parties des visages sont trop marquées donnant parfois l’impression de masques posés dessus.
Clara est un album à réserver aux amateurs de cette période historique ainsi qu’aux lecteurs assidus de Warnauts et Raives. A noter l'intégration de la série depuis le tome 7 au sein de la collection Ligne Rouge.