Résumé: Londres, prison de Hammersmith. Baltimore Harmon, un condamné à mort, est exécuté à l'aide d'un étrange prototype de chaise électrique. Le tout sous le discret regard de la romancière Delphina Cruyshank, qui observe la scène au télescope depuis une luxueuse tour, accessible à elle seule. Le premier va s'échapper à la suite de son exécution. Alors que la seconde va disparaître de ses appartements... Entre mystère, chambre close et surnaturel, la journée d'Harry Dickson s'annonce compliquée...Onofrio Catacchio, qui a déjà réalisé des adaptations BD de polars, propose un Harry Dickson respectueux et moderne, sur un scénario de la réputée autrice jeunesse Luana Vergari alliée à Doug Headline, scénariste de Max Cabanes.
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uand Scotland Yard appelle Harry Dickson à la rescousse, c’est que la situation est grave. C’est le cas et le surintendant Goodfield a bien de la peine à la lui résumer. Un condamné à mort exécuté qui s’évade, une richissime écrivaine excentrique disparue de sa demeure-donjon et pas mal de sang… Après les perquisitions d’usage, l’affaire prend un tournant encore plus incroyable quand un manuscrit inédit de la romancière datant de plusieurs mois et décrivant exactement le déroulement des évènements est découvert par le célèbre détective...
Mysteras marque le grand retour du Sherlock Holmes américain sur les étales. Héros populaire créé en Allemagne au début du XXe siècle, Harry Dickson a connu ses heures de gloire trente ans plus tard quand Jean Ray traduit ses exploits pour le marché francophone belge et français, avant de le recréer littéralement et littérairement. Depuis, même s’il a connu quelques périodes d’oubli, il resurgit régulièrement, soit en BD, soit au petit et grand écran. Doug Headline et Luana Vergari ont entrepris de le ressusciter une fois encore pour des aventures mêlant intimement inexplicable et logique implacable. Welcome back Harry and Tom !
D’abord copie carbone du limier de Conan Doyle, Harry Dickson est devenu, sous la plume de l’auteur de Malpertuis, un véritable thriller flirtant constamment avec le fantastique, sans jamais y tomber complètement. Classique et sentant bon le tweed et le tabac à pipe chers à Blake et Mortimer, cette reprise joue à fond la carte du rétro et de la nostalgie. Aux pinceaux, Onofrio Catacchio s’exécute avec autorité et réalisme, tout en osant judicieusement quelques notes quasiment expressionnistes (les regards apeurés des protagonistes affolés, particulièrement) afin de nourrir ses illustrations. L’ambiance ambivalente du titre est ainsi conservée. Cette approche somme toute très traditionnelle et passablement figée est heureusement contrebalancée par un découpage plus moderne (planches ouvertes, incrustations de cases, etc.). Le résultat s’avère fluide, efficace et très bien maîtrisé.
Respect total de l’esprit de la série originale, une mise en image léchée et cet envoûtant parfum de mystère, Mysteras n’a pas à rougir face à la version de Jean Ray. Roman-feuilleton oblige : suite au prochain épisode !