Résumé: Athènes, 396 avant J. -C. Trois ans après la condamnation à mort de Socrate, ses disciples les plus proches reçoivent une mystérieuse pièce en guise d'invitation à un banquet clandestin. Qui les a invités ? Dans quel but ? Socrate est-il bien mort ? C'est l'occasion pour eux d'essayer d'établir la vérité sur celui qui fut leur ami, leur maître, et le père de la philosophie.
L
es amis et disciples de Socrate, ainsi que son fils, reçoivent une mystérieuse invitation à un banquet clandestin. Chacun se demande qui peut bien être leur hôte et quelles raisons se cachent derrière cette démarche. Trois ans après le décès de leur maître-ami-père, les convives confrontent leurs points de vue sur la mort et la vie du philosophe. C'est là que les esprits s’échauffent...
Plutôt que d'opter pour une biographie, Ollivier Pourriol a choisi le cadre du huis-clos pour amener les convives à s'épancher sur leur vécu et sur la manière dont ils voyaient Socrate. Cette idée est la bienvenue puisqu'elle insuffle du dynamisme au récit qui tourne vite à l'intrigue au lieu d'une simple exposition de faits datés. En tant qu'ancien enseignant de philosophie, le scénariste a su trouver une voie originale afin de présenter avec simplicité et efficacité les préceptes du penseur. Ceux-ci sont amenés intelligemment au fur et à mesure que les intervenants s'expriment. De ce fait, il devient évident que l'auteur réalise un clin d’œil au Banquet de Platon puisque l'amour, y compris celui porté à la philosophie, est défendu par plusieurs protagonistes présents dans les deux œuvres. Qui plus est, l'histoire traite également de la thématique du deuil et de la résilience . Le personnage qui l'incarne le mieux est Lamproclès qui tente de fuir sa douleur en se réfugiant dans les excès. Il évolue au fur et à mesure de l'album en fonction des propos tenus par les amis de son père. Les bédéphiles apprennent aussi que Socrate ne cherchait pas à vendre son savoir de son vivant. Sa pensée fut mise par écrit par deux disciples, Aristippe et Eschine, qui en tirent profit. Cet album a deux ambitions : la première est de rendre intelligible, de vulgariser quelques points de la pensée socratique ; la seconde est d'humaniser une personnalité dont le grand public n'a parfois retenu que deux citations en bachotant pour un examen. Ce double objectif est atteint haut la main.
Les dessins d'Eric Stalner, en plus d'être très agréables et de proposer des protagonistes aisément identifiables, sont précis dans les détails vestimentaires et dans les ornements des décors. L'agencement des planches alterne entre un découpage classique et quelques fantaisies lors des phases où les témoins se remémorent un évènement partagé avec le philosophe. C'est le cas, par exemple, lorsque Lamproclès s'en prend à Aristophane. Ce dernier est l'auteur d'une comédie, les Nuées, qui a été vue comme une critique acerbe de la pensée de Socrate et qui selon Platon aurait contribué à salir la réputation de son mentor. Enfin, il faut souligner que le début de chaque chapitre est illustré d'un dessin reprenant les détails d'un vase grec, en lien avec la suite de l'intrigue.
La Vérité sur Socrate est une bande dessinée plaisante à lire, intelligente et habilement créée : un bon point d'entrée pour découvrir la pensée du philosophe.