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ommé à la direction de l’AFSSA, l’Agence Française pour la Sécurité Sanitaire des Aliments, Tézé aura fort à faire face à une nouvelle crise de la vache folle. Sa première mission consiste à gérer une recrudescence au niveau national des tests ESB. Une nouvelle épidémie est-elle en train de s’abattre sur la filière bovine ? Sommes-nous en présence d’une variante transmissible à l’homme ? Autant de questions qui amèneront le jeune homme à découvrir l’envers d’une société prête à tout pour le profit, même au détriment de la santé de ses consommateurs.
Pour ce troisième volet de la série Pandora Box, Alcante aborde le péché de la gourmandise avec ce sujet d’actualité qu’est la maladie de la vache folle. Il joue sur le manque de confiance des consommateurs face à ce qui se trouve dans leurs assiettes : cette peur est d’autant plus grande qu’elle touche directement un besoin vital, se nourrir. Difficile de lui reprocher de ne pas être précis dans son récit tant la documentation est pointue et (trop) abondante. Parce qu'il est plausible, le scénario fait frémir, notamment avec cette fin où la réalité pourrait bien dépasser la fiction. L’histoire est assez bien construite et se laisse lire, grâce à cette enquête de fond qui lui évite de n’être qu’un bel exposé sur le sujet. Un des passages particulièrement marquant est ce découpage qui alterne une discussion dans un restaurant dont une partie des paroles illustre d'autres images de la filière bovine, c'est redoutable et efficace.
Le trait fin et souple de Dupré au style réaliste renforce la crédibilité apportée au récit. L’ensemble est homogène et très agréable. Il maîtrise particulièrement les visages de ses personnages leur permettant d'exprimer une large palette d'émotions. La mise en couleur d’Usagi renforce le trait, les ambiances y sont particulièrement bien retranscrites.
Comme les précédents, La Gourmandise répond pleinement au cahier des charges de la série, à savoir replacer un péché originel dans le contexte de ce début de XXIe siècle. Il reste cependant des questions en suspens, avec toujours ce décalage entre la publicité faite autour de la série et son contenu. Les mythes de l’antiquité apparaissent plus comme des éléments de décor et ne sont pas suffisamment explicites. Difficile d’échapper à la comparaison avec ces séries récentes qui utilisent ce principe d’un thème récurrent et d’un dessinateur par album. Pour des raisons commerciales les éditeurs optent de plus en plus pour cette formule, le lecteur est certes satisfait de ce rythme de parution, mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment de la qualité. Et les différents tomes de Pandora Box auraient eu besoin d’un élément autre que le concept même de la série pour assurer une plus grande homogénéité de l'ensemble. Les amateurs des premiers tomes continueront la série, les autres se tourneront vers d’autres horizons.
Les avis
BIBI37
Le 19/11/2011 à 16:01:52
L'histoire est très bien construite mais le sujet est trop abscons pour un non initié.
En résumé il s'agit d'une épidémie d'encéphalite spongiforme bovine (creuzfeld jacob) du à un prion mutant indétectable, transmissible à l'homme par simple ingestion de viande.
Sur ce sujet de psychose et d"épidémie mortelle on aurait aimé un scénario plus haletant ne se résumant pas à un duel père-fils.
Plus de simplification dans les explications aurait été bienvenu;
On a tout de même une bonne histoire à lire.
8/10.
Bullit
Le 05/05/2009 à 15:42:17
Tézé a été adopté des les 80's par M. Egée, médecin de son état. (c'est quand même un coup de bol d'avoir des noms pareils!)
M. Egée est devenu minustre de la santé et nomme son fils à un organisme de veille sanitaire lors d'une crise alimentaire type vache folle. La mission de sauvetage va alors ressembler à un voyage dans les basses histoires familiales... Et, comme il est de rigueur dans la série, Tézé (le héros, apparemment ordinaire sur lequel va tomber la foudre du destin, comme il est de rigueur dans la série...) va être confronté au choix.
Un scénario de qualité, documenté (trop?), et une mise en page étudié laissant transparaitre les sous intrigues sans rien embrouiller, de belles couleurs vives et un dessin classique, cette BD est à lire!
voltaire
Le 21/01/2008 à 18:03:28
On ne peut pas reprocher à Alcante de ne pas fouiller ses références. Seul petit problème cet opus qui traite d'une nouvelle forme de l'ESB fait la part belle à l'aspect documentaire et moins -à mon sens- à l'intrigue.
Du coup je me sentais davantage en empathie avec les veaux qu'on allait abattre qu'avec les personnages. Je sais, c'est vache !
madlosa
Le 16/11/2007 à 20:28:54
Cet épisode traite du probléme de la vache folle et de la gangrène apportée par l'argent. Ce dieu tout puissant qui pervertit les hommes et leurs bonnes intentions. Les analogies entre le bétail et l'être humain sont intéressantes et ont le mérite de provoquer notre intérêt. Le scénario est bien ficelé sans être original meis les dessins restent assez moyens (à mon goût). Un BD à lire pour le message qu'elle véhicule...
Christophe C.
Le 01/02/2007 à 11:08:16
Encore un très bon album plutôt réaliste et bien documenté sur la maladie de la vache folle. Les mécanismes de lutte contre la maladie et de préventions où les raisons politiques et économiques ont tendance à être privilégiées sur le principe de prudence est plutôt bien introduit rendant le tout très réaliste. La conclusion est elle aussi des plus intéressante avec toujours en toile de fond "personne n'est tout blanc ou tout noir". Même si des personnes sont décider à défendre les intérêts collectif, leur intérêt personnel n'est ourtant jamais très loin.
marcel.d
Le 16/12/2005 à 09:51:56
Pfff trés sceptique sur ce tome..
Outre les trés fastidieuses explications sur le domaine de l'agro alimentaire..
Le scénario et l'intrigue sont trés peu crédible et réussie finalement.
Le dessin et la couverture... decevant
L'approche psychologique faiblarde.
Et surtout dans cet album, la tentative de relier l'histoire avec un element mythologique parfaitement ridicule.
A eviter rien que pour le coté didactique trés ennuyeux
yvantilleuil
Le 25/07/2005 à 09:13:55
D’un côté l’image d’une vache toute maigre vivant en liberté dans un pays torturé par la famine et la sous-nutrition et de l’autre l’image d’une vache élevée dans un espace restreint afin de produire le plus de nourriture possible pour un nombre limité de personnes suralimentées. Ces deux images montrent le déséquilibre écœurant entre deux parties du globe et démontrent surtout que si la stupidité ne tue pas, la famine et l’exploitation excessive et purement commerciale de notre échelle alimentaire se chargeront de le faire.
Ce troisième volet de la série ne laisse pas indifférent les grands consommateurs que nous sommes car il aborde un sujet d’actualité (la vache folle) et une consommation qui s’avère vitale : la nourriture. Si cette dénonciation des outrances de la rentabilité alimentaire est pour ma part très réussie, bien illustrée et documentée, les puristes pourront regretter que cette dénonciation d’une des facettes de la commercialisation extrême soit faite par une série des plus commerciales ...
hervox
Le 16/05/2005 à 10:10:05
La série Pandora Box est un peu en dent de scie. Premier album excellent, deuxième un peu moins surprenant, troisième excellent, quatrième moins original... Cependant ce troisième tome est une vraie réussite. L'apparition en filigrane du mythe grec, qui accentue l'intensité dramatique de la relation père-fils, le tout sur fond d'industrie agro-alimentaire. Le mérite de cet album est surtout d'avoir effectué des rapprochement saisissants entre quelques réalités, qui, du coup, prennent un sens nouveau.