Le 05/10/2024 à 10:15:51
Je viens d'en terminer la lecture. Indéniablement, c'est une belle histoire. Une bande dessinée qui pourrait réconcilier ceux et surtout celles qui ont du mal à s'intéresser à ce media. Le dessin est plutôt brut, l'ambiance est palpable. Parfois beaucoup de cases pour pas grand choses, on passe très vite dessus (ou au dessus). Mais ce n'est pas une BD à conserver dans sa bibliothèque, je ne m'imagine pas la relire et elle n'invite pas à une relecture ni à s'attarder sur le dessin. Je pense que la mienne va tourner, de plus elle est dedicacée par l'auteur à mon nom. Il y a une petite chance qu'elle me revienne un jour, pour repartir de plus belle.Le 23/10/2023 à 10:09:40
Vraiment un magnifique objet de bande dessinée. Une oeuvre poétique et émouvante. Ca faisait longtemps que je n'avais pas lu une BD qui soit capable de me procurer tant d'émotions. Indispensable.Le 12/08/2023 à 13:57:10
L'auteur Jean-Marc Rochette déclare que la dernière reine sera sa dernière œuvre en BD préférant poursuivre dans la sculpture et la peinture où il y a plus de liberté. Il a été fortement secoué par l'affaire Bastien Vivès et les commissaires politiques et de la moralité qui sévissent dans ce milieu où tous les coups sont désormais permis. On peut comprendre et respecter sa décision. C'est donc une œuvre testament qu''il nous laisse en héritage. Autant dire, que c'est réellement un magnifique récit qui nous entraîne sur des sentiers encore inexplorés entre art, guerre et belle histoire d'amour entre uns sculptrice et une gueule cassé. On peut affirmer que c'est sa meilleure œuvre tant la puissance du récit emporte tout sur son passage. Evidemment il y a un hymne à l'amour véritable mais également celui de la préservation de la nature que les hommes détruisent petit à petit. Le décor sera celui du Paris des années folles qui a suivi la première Guerre Mondiale où on voulait revenir à un peu plus de légèreté après le grand traumatisme qui avait secoué le pays. Beaucoup de soldats l'ont payé de leur vie et les survivants de leur corps et de leur âme. Nous aurons également droit à de magnifiques paysages situés dans le Vercors qui garde encore un parfum de nature et de liberté. A noter qu'on passe d'un univers à l'autre en un rien de temps mais que le dosage est quasiment parfait au niveau de la transition. Au niveau du dessin, c'est quand même très sombre avec des couleurs qui ne favorisent pas l'éclat et la lumière parfois indispensable. On a l'impression que l'on ne sort pas des tranchées. Il y a eu une utilisation à outrance d'encres noires qui donnent ce rendu. Mais bon, il faut s'y habituer et on est facilement pris dans l'intrigue grâce à une narration bien pensée et agréable. La fin est véritablement poignante et triste à mourir. J'ai rarement lu quelque chose d'aussi fort où l'on a envie de crier à l'injustice (mais pas de tout casser). Il faut dire que notre système judiciaire est profondément biaisé à la recherche constante de bouc émissaire parmi les individus les plus défavorisés de la société. C'est une très belle histoire tragique que j'ai adoré parce qu'il y avait des personnages qui sonnent vrais et qui sont charismatiques. C'est certainement la BD qu'il faut absolument lire pour ne pas passer à côté.Le 22/01/2023 à 22:04:14
Un de mes coups de cœur absolus... Un vibrant plaidoyer politique, une déclaration d'amour à la montagne et à la vie sauvage, une histoire poignante. Le tout servi par des dessins exceptionnels. Comment y rester insensible ? Je n'y suis pas parvenu et vous invite à faire de même. La BD de 2023, pour moi.Le 17/01/2023 à 22:56:21
comme rody sansei , je pense que l'histoire racontée dans cette bd est vraiment , vraiment puissante ,tout est bien dans cette histoire ,le genre de bd que j'aurai vite envie de relire .... Pour chipoter , on pourrait regretter les couleurs un peu ternes , mais c'est juste ce qui m'empeche de mettre 5*....Le 16/01/2023 à 13:29:38
Membre de la génération des grands auteurs de la BD franco-belge, ceux qui ont monté Metal Hurlant et occupé les pages de (A suivre), Jean-Marc Rochette marque depuis quelques années par ses albums sur la montagne, cette entrée des Alpes autour de Grenoble, le berceau de Glénat. Son chef d’œuvre adapté au cinéma, le Transperceneige marquait une évolution de son trait d’un style assez classique de la SF des années quatre-vingt vers une épure des encrages proche de l’abstraction. Graphiquement Rochette n’est pas du tout ma tasse de thé. Trop sombre, trop estampé, pas assez concret dans le dessin. Ce magistral album déjà auréolé de pléthore de sélections et prix BD fait pourtant partie de ces occasions de sortir de sa zone de confort de lecteur BD en constatant l’évidence de la réussite (comme cela avait été le cas avec l’Age d’or par exemple). Car celui qui est capable de dessiner du cartoon comme du semi-réalisme justifie son épure par l’idée de l’évocation qui fait écho à la forme détruite du visage du héros comme à la sensation de l’artiste sculptant sa glaise et de ces paysages montagnards changeants au gré des lumières, des brumes et des ombres. Sur le plan de l’écriture cet album est incontestablement une immense réussite (je ne serais pas en capacité de parler de chef d’œuvre puisque c’est le premier album de cet auteur que je lis). Par la simplicité de l’intrigue, en inscrivant sa petite histoire dans l’Histoire antédiluvienne jusqu’à l’Age de pierre pour décrire cette relation compliquée de l’humain avec sa nature tantôt hostile tantôt partagée, l’auteur touche juste et épure encore les sentiments. Ceux d’un homme simple, brisé, qui refuse l’oppression de cette civilisation qui ne sait que briser, qui rejette l’autre pour sa différence et à fortiori cette nature qu’il ne connaît plus. Loin d’être simpliste, l’histoire se concentre sur le cœur qui fait sens, celui des artistes qui cherchent la beauté ou le message, qui comprennent cette nature qui parle aux cœurs. Où l’on peut savourer les plus subtiles des repas dans une cabane en altitude en récoltant le fruit de la montagne et du troc et l’amour simple de la vie d’avant au pays de cocagne qui offre tout ce dont l’homme a besoin. Rochette a la grande intelligence de ne pas poser de pathos dégoulinant sur un destin tragique, celui d’un pauvre homme cassé par la guerre que l’on voit condamné à mort en introduction de l’album. L’histoire nous dira pourquoi et accentuera la force du portrait en rejetant tout attendu tragique. Car le drame n’est pas le propos de Rochette. Le drame est celui, intime, d’un enfant du Vercors dont l’immense résilience, celle de la roche, ne suffit pas à préserver ce paradis, cette paix si simple. Si la pertinence du trait se rattache au projet sans contestation possible, il est pourtant dommage qu’une esthétique plus travaillée ne reflète cette paix de l’écriture. Les encres rageuses en clair-obscur dressent un monde qui semble n’être jamais sorti de Verdun. On en perd la pureté graphique qui aurait a mon sens renforcé ce grand album en le menant au chef d’œuvre. On n’en est pas loin. Chacun se fera son idée selon ses préférences graphiques, mais la Dernière reine est incontestablement un grand album qui mérite d’être lu. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/01/11/la-derniere-reine/Le 31/12/2022 à 09:46:14
Je ne suis pas un grand fan du dessin de Rochette, et ce depuis toujours : j'ai toujours cette impression de tableau pas fini qui me chagrine un peu. Mais l'histoire est tellement bien racontée, et le propos tellement puissant, que j'ai été happé dans la ma lecture et que c'est pour moi l'une des meilleures BD de cette année 2022. Une ode à la nature magistrale.Le 13/10/2022 à 21:44:22
3ème opus (avec Ailefroide et Le Loup) de ce qu’on pourrait appeler une trilogie montagnarde, « La Dernière Reine » en est largement le plus romanesque. Jean-Marc Rochette nous livre un long récit, sobre, juste et fort, traversé de bout en bout par une émotion brute. Le scénario est servi par un dessin superbe dont le trait est devenu de plus en plus fin et précis au fil du temps. Seules les couleurs sont très sombres, trop sombres sans doute. Mais on peut le voir comme un choix délibéré de l'artiste pour donner une tonalité crépusculaire et mélancolique à l’ensemble de l’album. Cependant, Rochette a suffisamment d’expérience pour ne pas sombrer dans le pathos là où d’autres auraient fait du larmoyant. Privilégiant l’implicite, il s’exprime tout en retenue, sans s’appesantir. Certaines scènes se terminent par des ellipses narratives ou des fondus au noir, comme s’il voulait laisser leur intimité à ses deux personnages. On sent qu’il a d'ailleurs une grande affection pour eux et semble toujours les accompagner avec la plus grande bienveillance. De sorte qu’Edouard et Jeanne forme un couple poignant, soudé au-delà du commun par la sincérité et la force des idéaux. Le contexte historique, très immersif, est restitué avec soin. S’appuyant sur une documentation solide, les décors (hors montagne) restent discrets mais particulièrement réalistes. Les artistes de l’époque qui jouent un rôle dans l’intrigue, comme François Pompon, Soutine ou Picasso, sont tous aisément reconnaissables. A noter d’ailleurs l’apparition de l’auteur lui-même page 221 sous les traits d’un chasseur. Enfin et surtout, « La Dernière Reine » est aussi un hymne aux grands espaces, à la faune et la flore sauvage, à une forme d’écologie primordiale. Pour autant J-M. Rochette, auteur engagé à la parole libre et parfois rude, ne nous donne aucune leçon. Le message, induit par la dramaturgie du récit, est là sous nos yeux : non, l’espèce humaine et la nature ne peuvent cohabiter. Le cycle multimillénaire qui nous liait est irrémédiablement rompu. Le lecteur le comprend comme une évidence – et un avertissement – au fil des pages, sans que l’idée ait besoin d’être assénée. Bien aidé en cela par de nombreuses planches muettes qui offrent des respirations contemplatives et poétiques. Bien que l’on ne puisse pas vraiment les comparer, j’avoue avoir quand même une préférence pour "Le Loup", plus de l’ordre de la parabole, de l'allégorie, alors que la Dernière Reine serait plutôt sur le champ de la tragédie grecque. Mais c’est précisément cette dimension universelle qui devrait interpeller le plus grand nombre et en faire à coup sûr un succès. C’est un album d’une grande beauté, à lire ou à offrir. En revanche il faut garder en tête qu’il en émane une certaine tristesse et une misanthropie à peine voilée.BDGest 2014 - Tous droits réservés