Résumé: Pour les enfants du quartier, le parc est un inoffensif jardin public. Mais pour son gardien, c'est un nid de sombres créatures qu'il est le seul à voir : asocial et atteint d'un solide trouble de la rêverie compulsive, Providence s'est donné pour mission de protéger les promeneurs malgré eux. Sa tâche se complique lorsqu'un livre étrange sorti des eaux troubles du lac libère un bestiaire terrifiant et attire l'attention des très louches services psycho-sanitaires... Talonné par une nouvelle directrice bien plus versée dans le jargon du management que dans l'occulte et déterminée à gérer le parc comme une véritable start-up, le gardien lutte contre l'appel d'un autre monde : noyé dans les brumes du lac, le reflet d'une étrange maison où il serait enfin en paix l'attire irrésistiblement... Une sublime variation sur l'univers et le personnage de Lovecraft, rendant hommage à l'imaginaire sous toutes ses formes.Après Acqua Alta, L'Arbre aux pies et Ornithomaniacs, Daria Schmitt propose le plus abouti de ses albums, porté par un dessin splendidement fouillé au service d'une intrigue aux multiples rebondissements et références.
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errière l’apparente quiétude du parc, il n’est pas forcément besoin d’attendre le soir pour que, surgissant des eaux du lac, les créatures d’un bestiaire crépusculaire investissent les lieux…
Daria Schmitt est une artiste rare qui sait s’offrir des récits à la (dé)mesure de ses envies.
Sur les bases d’une nouvelle de H. P. Lovecraft, intégralement incluse à l’album, Daria Schmitt construit un univers surréaliste, voire iconoclaste. Fourmillant de références, tour à tour évidentes ou indicibles, son récit est trop atypique pour ne pas traduire les doutes ou les interrogations d’une autrice qui excelle dans la précision de ses ombres au trait. Riche à frôler la confusion, son dessin est d’une minutie qui n’a que rarement cours, mais qui vous plonge en un temps où le numérique n’était même pas une abstraction. Toutefois, qu’il n’y ait pas de méprise, Daria Schmitt ne s’enferme pas dans le passé, elle s’en sert pour mieux parler du présent, à l’instar de l’alchimie qui résulte de l'incrusta tion de la couleur à ses noirs et blancs. Pour apprécier ce one-shot, il faudra s’accommoder d’une part d’absurde afin d’accompagner - dans les profondeurs du lac où git une étrange maison sur une falaise - un chat du Cheshire aux airs de Maine Coon répondant au nom de Maldoror ou un Providence qui se voudrait la réincarnation de Lovecraft. Les rêves sont-ils une porte sur un monde dessiné par nos peurs ou un passage qui permet à notre entendement de digresser sur la réalité ?
Les songes lacustres de Daria Schmitt rempliront d'aise ceux qui accepteront de se perdre dans les grandes brumes impatientes d'un éther de féerie...