Le 08/05/2022 à 08:13:55
Je ne connais pas les œuvres originales de Hurlevent mais j'avoue que j'apprécie grandement cet univers. Il y a ce continent appelé l'Hélios qui a l'air très aride et où l'on enferme à ciel ouvert tous les opposants à une monarchie absolue. Cela rappelle à bien des égards ce qu'a pratiqué l'immonde Russie stalinienne à l'égard de ses opposants qu'elle envoyait mourir en Sibérie dans des travaux d'intérêts généraux. On se croirait véritablement sur la planète Dune où l'eau reste le plus précieux des trésors. Il est question de la construction de canaux reliant les lacs aux grandes vallées afin d'irriguer durablement les grandes vallées désertiques. Cependant, d'étranges phénomènes se produisent comme de la lave en suspension défiant les lois de la gravité. Notre héros est un médecin qui sauve toutes les vies quelque soit les différentes factions composant ce monde inégalitaire. Il était issu de la noblesse mais se retrouve prisonnier sur ce continent aride et hostile car il a déplu au Prince. Parfois, la mise en placard arrive également en entreprise quand on déplaît à son chef avide de pouvoir. On ne peut que le comprendre. J'ai beaucoup aimé le dessin qui restitue à merveille les différents décors de cet univers si riche d'un bagne à ciel ouvert. Il paraît que l’Érythrée y ressemble fortement. C'est regrettable d'avoir des exemples aussi précis sur notre planète. Mais bon, tant qu'il y aura des tyrannies et des dictatures ! Évidemment, cette BD de fantasy renvoie à notre monde moderne dans ses métaphores car c'est intemporel. Les thèmes traités sont l'exclusion sociale, l'esclavage et la dictature mais également le sentiment de liberté et de lutte. C'est assez prenant pour que l'on suive cette aventure qui va s'étaler sur trois tomes.Le 22/01/2022 à 11:30:14
Ce récit de fantasy est très rafraîchissant, proposant une trame classique parsemée d’idées originales. Ainsi nous suivons la vie des habitants de l’Hélios, un bagne aride où les prisonniers se tuent dans le creusement d’un canal censé relier cette terre désertique aux montagnes qui l’entourent et qui regorgent de lacs et de rivières. Toute évasion de ce bagne semble de surcroît impossible, puisqu’il s’agit en réalité d’une presqu’île dont les seuls accès au reste du monde sont des ponts-levis contrôlés par des capitaines indépendants qui peuvent seuls décider d’ouvrier ou non le passage. Sans compter que ces capitaines, 5 au total, vivent tous dans des citadelles fortifiées (dont l’une est visible en arrière-plan sur la couverture) et sont assistés par les Raveneurs, des sortes de druides ou de chamans capables de communier avec les différents animaux du bagne et, ainsi, de pouvoir observer par les yeux de ces bêtes tout ce qu’il se passe dans l’Hélios. Alceste de Hurlevent, un ancien noble déchu, est devenu le médecin de ces terres désolées, appelé un peu partout quand le besoin s’en fait sentir. Et un accident survenu sur une portion du vaste chantier va lui donner fort à faire dés le début du récit. Dans le même temps nous suivons les trois personnages visibles sur la couverture, à savoir le duc de Batz (droite), sa fille (gauche) et son lieutenant (centre). Tous trois sont venus accompagnés d’une troupe pour chasser le Thyrocéros, une bête gigantesque et rarissime, afin d’en rapporter un trophée auprès du roi. Mais comme souvent, la chasse ne se passera pas aussi bien que prévu et cela amènera le trio à faire la rencontre d’Alceste. En parallèle de ce fil rouge, le récit propose également des thématiques chères à Fred Duval : gestion des ressources (avec le manque d’eau), autoritarisme politique (avec un roi et des capitaines de citadelles qui contrôlent les accès à l’Hélios) ou encore exclusion sociale (avec les Orcs, déportés dans le bagne et qui en ont désormais quasiment tous disparus, hormis quelques tribus au cœur du désert). Le seul bémol à tout cela est, pour moi, les graphismes de Stéphane Créty. Sans être mauvais, ils sont trop simples pour un récit de cette ambition. On aurait aimé des décors plus travaillés, une atmosphère plus étouffante pour ce désert mortel. Créty dessine bien les personnages et leurs expressions mais ses décors sont souvent plus classiques, ce qui s’observe déjà dans Nains ou La Pierre du chaos. Et là pour le coup nous avons un récit de fantasy où les décors sont omniprésents dans la narration, mais bien moins présents graphiquement. Dommage car les couleurs de Julien Maffre sont très attrayantes. J’en serai pour la suite néanmoins, l’originalité du récit étant assez prenante je dois dire.BDGest 2014 - Tous droits réservés