Résumé: Antoine et sa famille croquent la vie à pleines dents mais des signes inquiétants dans le comportement de l'enfant viennent troubler cette joyeuse ambiance. Le diagnostic révèle rapidement qu'Antoine est atteint d'une tumeur au cerveau. L'accompagnement de la famille, des amis, des enseignants et du corps médical s'avèrera essentiel dans sa guérison.
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n couple parental soudé et deux rejetons, les Debré nagent dans une douce félicité. Du moins, jusqu’à ce qu’Antoine, bientôt dix ans, se plaigne de maux de tête récurrents. Le médecin de famille se veut rassurant, mais quand la graphie du garçon devient soudain illisible, tout le monde s’inquiète. L’imagerie médicale est sans appel : médulloblastome, voilà ce dont souffre cet enfant. Commence alors le cortège des traitements et des rendez-vous. Toute une équipe accompagne le jeune patient dans son combat, pour l’aider à récupérer ses facultés et à reprendre une existence aussi normale que possible.
Après À fleur de peau qui évoquait le vécu d’une fillette atteinte d’une pathologie génétique, Joël Alessandra explore à nouveau la thématique de la maladie dans un one-shot publié chez Des ronds dans l'O. Ne s’attardant guère sur les techniques de soins pour traiter le cancer cérébral, l’auteur s’attache surtout à raconter tout ce qui est mis en œuvre par le SMAEC (Service Mobile d’Accompagnement d’Évaluation et de Coordination) afin d’assurer le suivi à la fois physique, psychologique et éducatif de son jeune héros.
Le récit se focalise donc sur les échanges entre Antoine et les intervenants qu’il rencontre. Les ressentis (peur, colère, frustration, doute, espérance) sont verbalisés, depuis l’annonce de la maladie jusqu’à la réadaptation. Le lecteur découvre alors l’importance du travail des équipes interdisciplinaires, médicales et paramédicales, qu’il peut observer au plus près et dont il appréciera, au fil des pages, l’implication bienveillante et remplie d’humanité. Jamais linéaire, la narration met en lumière les différentes formes que prend l’aide dont bénéficient le patient et son entourage. Par moments, elle revient sur certains aspects antérieurs et, à la fin de chaque chapitre, elle montre son personnage principal devenu adulte, son long parcours derrière lui. Cette navigation temporelle est marquée graphiquement par des ambiances colorées différentes en fonction des périodes représentées – sépia pour les retours en arrière, habillage de bleu pour la phase où Antoine est grand. Ces couleurs à l'aquarelle viennent rehausser la douceur du trait à la fois léger et expressif. Le découpage net et les cadrages assez variés assurent, quant à eux, une bonne dynamique. Un dossier final vient compléter l'album, en éclairant sur la genèse de celui-ci, sur le rôle du SMAEC et en offrant quelques réponses de la part d'un éminent médecin oncologue au sujet des tumeurs cérébrales chez l'enfant.
Joliment écrit et réalisé, Le bruit de la pluie se révèle être une bande dessinée chargée d'espoir et d'une grande justesse dans son propos, en plus de rendre hommage à l'investissement des soignants face à la maladie grave dans l'enfance. À découvrir.