A
u chevet de son enfant, une mère n’a pas vu la Mort entrer. Pour tenter de lui reprendre son petit, elle devra subir une série d’épreuves pour arriver la première à la serre de la Mort. Là où les vies humaines sont (re)cueillies pour être ensuite replantées dans un monde inconnu.
La force d’un conte réside dans l’universalité du thème abordé et dans la limpidité de son traitement. Un exercice dans lequel Andersen excelle. Avant d’être l’éventuelle transcription de la tragédie vécue par son ami et mécène, ce conte est l’histoire rêvée d’une épreuve humaine. Celle-ci nous amène à suivre et ressentir le calvaire de cette mère, à partager sa souffrance et l’amour qu'elle porte à son enfant. Tout ce qui trouve un écho dans le for intérieur de chaque lecteur, et plus encore de chaque parent. Pourtant, comme toujours chez cet auteur, il n’y a pas de place pour la mièvrerie ou l’effet facile. Là, l’homme doit s’accommoder du cours des évènements et faire preuve d’humilité face à la nature (dont la Mort fait partie intégrante). Et ce postulat n’est l’expression ni d’un dogme philosophique ni d’une soumission religieuse. C’est une manière de situer l’homme et ses limites pour le conduire à s’accepter tel qu’il est.
En se mettant au service du conte, Peter Madsen illustre ce périple onirique avec un talent qui autorise l’économie de mots. L’art de conter, c’est celui de faire naître de images dans l’esprit de son auditoire composé de petits et grands, de lettrés ou non. Le style est ample, le découpage favorise l’alternance : des séquences au rythme syncopé préccèdent de larges cases où le temps semble arrêté. Le personnage paraît alors écrasé par sa solitude dans l’épreuve et par l’immensité du paysage qui l’entoure.
Si l’on arrive bien vite au terme de l’album, c’est avant tout parce qu’en spectateur impuissant, on a été happé par cette vaine course contre la montre et par le défi inhumain imposé à cette mère. Fort heureusement, on aura ensuite le loisir de revenir, longuement et à plusieurs reprises, sur ces illustrations et tenter de comprendre pourquoi certaines nous ont laissés sans voix.
Les avis
Erik67
Le 31/08/2020 à 13:40:09
Il s’agit d’un conte qu’Andersen a écrit en 1847. Celui-ci a été remis en image grâce au format de la bd par un auteur également danois pas très connu dans nos contrées. Cela relate l’histoire d’une mère prête à tous les sacrifices qui affronte la Mort en personne pour tenter de sauver son fils gravement malade. Le graphisme un peu novateur est somptueux. Les cases sont d’une réelle beauté.
Cette mère va subir une série d’épreuve avant de pouvoir arriver sur la terre de la Mort qui recueille toutes les vies pour les replanter dans un monde inconnu.
La conclusion de l’histoire de cette mère courageuse est tout aussi surprenante et très réussie. C’est un one shot qui se lit cependant très (trop ?) vite et qui au final pourra apparaître comme étant très « creux ». Cependant, c’est un beau conte intelligent mêlant une réflexion sur la vie et la mort. Cette brièveté cache en fait une richesse de ce récit. L’auteur nous livre une bd de 64 pages alors que le texte original était seulement de 5 pages. Plus encore, Peter Madsen a habilement su conserver le ton d’Andersen.
Beaucoup d’émotion dans cette hymne à l’amour. Je ne vous cacherai pas qu’il s’agit d’un conte assez triste avec une atmosphère sombre et glaciale à l’image de l’hiver des premières pages… Mais que c’est beau ! L’émotion va au plus profond de nos sentiments car elle évoque aussi bien la perte d’un être cher que la confrontation de chacun avec la mort.
Note Dessin : 4.25/5 – Note Scénario : 3.75/5 – Note Globale : 4/5
Marion N
Le 02/02/2005 à 09:27:42
Ce conte d'Andersen est merveilleusement adapté en Bd et rendu vivant par Madsen. On y trouve une grande sensibilité, une puissance énorme qui touche profondément. Une merveille