V
ernon Gray arrive dans la Grosse Pomme avec l’intime conviction que sa fortune est faite. Son atout ? Le Diable (rouge) de Manhattan. La réplique exacte du Diable bleu de Wichita qui a si bien marché là-bas. Il descend au Red River Hotel, étrange endroit doté de « beaucoup de charme ». En plus de bien curieux pensionnaires et d’étranges fûts stockés dans un sous-sol traversé par une rivière souterraine.
Présenté comme cela, cet album de la collection Bulle Noire laisse présager d’une intrigue policière standard traitée sur un mode classique. Pourtant, à l’instar d’un titre aux allures de patchwork de mots-clés du genre, tout ici joue la carte du délire et du second degré. Tous les ingrédients sont réunis : un ou deux cadavres, une nymphomane, un trafic, des secrets, un complot et quelques créatures nues. Tout est assemblé et mis en musique avec une rigueur qui n’exclut pas une réjouissante fantaisie. Le dessin contribue efficacement au charme un rien désuet de cette histoire. Ici, les personnages sont réalistes, le trait clair et les couleurs sobres. Pas d’incohérence, pas d’effet tape-à-l’œil.
Une agréable découverte si l’on apprécie que les stéréotypes d’un genre soient un peu malmenés sans pour autant tomber dans la parodie.