Y
iu, la guerrière tueuse, tente de relever un challenge à sa mesure, dans ce tome deux de Premières missions : parvenir à infiltrer la citadelle Tao-zen de Djallikih, peuplée des meilleurs experts de l'art de la guerre qui existent, et en ramener une urne funéraire. Avant elle, personne n'a réussi à tenir plus de deux minutes à l'intérieur de ces murs. Mais Yiu dispose littéralement de plus d'une vie pour accomplir sa tâche...
Série dérivée de l'univers de Yiu, Premières missions a pour but de donner une plus grande profondeur au personnage principal de la saga en la dotant d'un passé. Passé sanglant et jalonné de blessures physiques et psychologiques. Mais son intérêt principal réside surtout dans le contraste narratif entre les deux séries. Là où Yiu prend son temps, développe le contexte politique et surtout religieux de Nouvelle Jérusalem, privilégie l'emploi de double-pages pour une seule case et s'attarde longuement sur les combats, Premières missions s'avère beaucoup plus ramassé et dense, format oblige. Pour autant, Téhy n'abandonne pas les effets spectaculaires qui font sa marque de fabrique en tant que scénariste : découpage nerveux et dynamique, cases panoramiques où à bords perdus, changements de cadrage incessants, voix off de Yiu ... Le style de Téhy demande un grand nombre de pages pour s'épanouir.
Pour ce faire, tout ce qui n'a pas de rapport avec la mission est effacé du récit. On privilégie l'action pure en se concentrant uniquement sur le but de Yiu et la manière dont elle va tenter d'y parvenir. Tout cela donne un album au rythme effréné, presque hystérique, parsemé de quelques rares plages de calme qui viennent donner une respiration bienvenue. A ce petit jeu, Vax, le dessinateur, se révèle plutôt bon. Par son trait souple et vif, il sert parfaitement les choix du scénariste. Reste des couleurs, qui, si elles ne sont pas honteuses, souffrent d'un handicap certain. Le duo de coloristes Oxom Fx a essayé de rester dans le ton de la série principale en imitant les effets et les teintes de Guénet, mais en utilisant l'informatique. Le résultat ne peut malheureusement pas rivaliser avec celui de la série mère. Là où la couleur directe de Guénet, toute en démesure, en surcharge de rouges sales et de bleus profonds, participe pleinement à l'ambiance décadente de Nouvelle Jérusalem et donne au dessin un côté rugueux et crépusculaire, le travail des coloristes de Premières missions, trop lisse, ne fait qu'accompagner le récit. Dommage, d'autant plus que le souci de cohérence graphique entre les deux séries est louable.
Au final, Premières missions atteint son but : on ne s'ennuie pas une seule seconde à la lecture de l'album, on cerne un peu mieux la personnalité de l'héroïne et on en prend plein les yeux. Un bon divertissement en attendant la suite de Yiu.