Le 01/11/2020 à 13:20:12
Lorsque la collection "DC Black Label" ne sert pas de fourre-tout à Urban Comics pour y rééditer les classiques de leur catalogue, elle accueille, comme elle aurait dû s’y cantonner depuis le début, des récits inédits, hors continuité et souvent plus matures pour lesquels leurs auteurs ont une plus grande liberté créative (White Knight, Damned, Harleen, etc.). Cet album de Batman est de ceux-là mais il montre aussi qu’une trop grande liberté laissée aux auteurs peut conduire à un grand n’importe quoi (Batman: Last Knight on Earth 2019, #1-3). A première vue, il était alléchant de retrouver Scott Snyder et Greg Capullo (et leurs encreur et coloriste attitrés), le duo qui a œuvré sans discontinuer et avec une certaine réussite sur le titre phare Batman durant cinq ans. Puis on se souvient que leur dernière collaboration avait mené à l’imbuvable Dark Nights: Metal et sa palanquée de ties-in. Si Capullo restait au top, Snyder y laissait lui libre cours à ses délires dont je n’étais alors plus du tout client. Mais Last Knight on Earth débute au contraire plutôt très bien. Sur les vingt premières pages, le scénariste tient une bien belle idée : Batman serait fou et vivrait toutes ses aventures dans sa tête. L’idée est d’autant plus séduisante que le rêve et l’imaginaire sont des échappatoires à l’enfermement ou à l’internement. Mais passée cette longue introduction, le scénario prend soudainement un virage post-apocalyptique, punk et cosmique à la fois et commence à égrener ses idées imbitables sur la fin du monde dans la droite lignée du précédent opus. Le lecteur s’y perd et même Batman n’y comprend plus rien. Puis vient l’ultime combat contre Oméga, le boss de fin, bourrin à souhait, et parsemé comme il se doit dans les comics d’explications / révélations – inintelligibles pour ne pas changer –, dont Batman ressort vainqueur (évidemment me direz-vous…), et l’on se dit alors, à mesure que les pages défilent, qu’un dernier retournement de situation va venir éclairer toute cette histoire. Que l’on va enfin revenir à un propos plus terre-à-terre et à l’asile d’Arkham où tout ce bazar avait débuté. Et bien non, rien de tout ça, un bébé Superman tombe du ciel de façon inexplicable et c’est déjà fini. Je peine à croire que l’on puisse reconnaitre le véritable Batman dans ce genre d’histoire, ce n’est du moins pas ma conception du personnage. Tout comme je doute qu’il y ait beaucoup d’acheteurs, autres que des spéculateurs, pour la version luxueuse "Urban Limited", à paraitre prochainement, de ce si pauvre album. Mais je peux me tromper ; après tout, les auteurs ont récemment remis le couvert avec Dark Nights: Death Metal à grand renfort de numéros spéciaux. Il doit donc y avoir des inconditionnels, mais quelle tristesse.Le 19/08/2020 à 15:38:50
Ce pitch est génial, et l'album commence franchement bien, nous plongeant immédiatement dans un doute que la publication de ce one-shot dans le black label avait toutes les raisons de confirmer... Hélas! Très clairement le logo noir apposé sur la couverture est absolument non pertinente tant il n'y a aucune différence d'approche entre ce livre et les précédentes productions de Snyder et Capullo. Comme beaucoup j'imagine, j’espérais que les auteurs profiteraient de la spécificité de la collection pour produire leur grand œuvre, un projet adulte chargé de changer notre regard sur le Dark Knight avec une prise de risque sur un récit innovant. L'idée est folle et aurait dû être poussée. Car depuis des années nombre de récits du Batman nous instillent le doute sur sa santé mentale, nombre d'auteurs travaillent sur cette question, celle de l'identité de Wayne, traumatisé, de son double maléfique aux cheveux verts et sur l'aberration de ce bestiaire impossible à Gotham. Ce sous-texte rend les histoires de Batman les plus intéressantes pour les conteurs et pour les lecteurs et récemment Sean Murphy est parvenu à pousser assez loin cette idée. Les premières pages de Last knight on earth nous poussent dans cette direction (avec une superbe couverture comme toujours!), celle d'une réalité réveillée nous expliquant comment Wayne a transformé tel personnel d'Arkham en méchant et sa propre identité idéalisée en Chevalier noir... Mais cela ne dure que quelques pages, avant de retomber dans les délires Dcesques proches de ce que Snyder a créé sur Metal.[...] Lire la suite sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2020/08/01/batman-last-knight-on-earthBDGest 2014 - Tous droits réservés