Résumé: Dans un monde gris, futuriste et apocalyptique, un étrange voyageur et sa monture errent dans des terres désolées. Obligés de se recharger en énergie, ils ne peuvent toutefois pas rester trop longtemps éloignés de la civilisation. Bien que d'autres créatures y vivent, la ville se montre pourtant tout autant inhospitalière, vide et morne. Mais partout où passe le voyageur, les choses se dérèglent, les machines perdent la tête et sèment le chaos. Il lui faut alors quitter la ville et explorer à nouveau les vastes étendues grises, seul. C'est avec une parfaite maîtrise que ce récit surréaliste, post-apocalyptique et muet, au graphisme époustouflant dans la lignée d'Arzach de Moebius, nous transmet une profonde impression de solitude et de mélancolie à travers l'errance de son personnage.
L
’homme chevauchant sa créature mécanique avance dans des étendues humides et fatiguées. Nous sommes après, les temps sont arrivés à leur terme et seules quelques ombres résistent encore. La violence est devenue réflexe ; la solitude, la norme. Pourtant, il arrive que les services, l'apport des autres soient encore nécessaires. Un ultime reste d’humanité avant la vraie fin ?
Maussade, grise et muette, telle est l’ambiance qui ressort au premier regard, au second aussi. Cependant, derrière son allure monochrome et son mutisme revendiqué, Tremen cache un récit (presque) épique se déroulant dans un univers cohérent et tangible. Entouré par Philippe Druillet (préface) et Marc Caro (postface), Pim Bos propose un album intrigant des plus maîtrisés. Entre quelques hommages à ses maîtres (Moebius, Edward Hopper sont immanquables), l’auteur développe un langage graphique solide grâce à une maîtrise technique impressionnante. Coups de pinceaux assurés, cadrages léchés et un véritable sens du découpage procurent à ce récit fantastique, au demeurant très basique, une réelle ampleur.
Cauchemar d’artiste vis-à-vis de son rôle ou sombres prédictions à propos de l’avenir d’une société à bout de souffle ? Tremen – quel beau titre ouvert aux interprétations multiples ! - n’apporte que bien peu de réponses. Tous les indices sont néanmoins là, au lecteur d’y apposer ses propres peurs ou espoirs. L’important ne réside pas dans le où ou le pourquoi, mais dans l’atmosphère et le ressenti.
Gros impact visuel et réalisation de haut niveau font de Tremen un ouvrage fascinant et hypnotique. À découvrir.
La preview
Les avis
Yovo
Le 09/10/2019 à 22:27:50
Une espèce d’art book muet qui se "lit" en 10 mn et m’a fait ressentir beaucoup plus d’ennui que d’extase… Les illustrations sont brillantes mais ça reste extrêmement hermétique, très démonstratif et probablement assez vain.
Cela m’a beaucoup fait penser à "Hate" d'Adrian Smith (même pedigree des auteurs qui viennent tous deux du jeu et veulent absolument en mettre plein la vue, au détriment du scénario) bien que "Hate" soit autrement plus dense et complexe.
TWYSTAZ
Le 06/10/2019 à 15:45:19
Lecture (trop) rapide.
Graphiquement c'est beau, c'est même largement au dessus de la moyenne des sorties actuelles. Cependant, l'absence de dialogue conjuguée à la densité de l'oeuvre et à son accessibilité laisse comme un goût d'inachevé. Auteur à suivre.
Shaddam4
Le 24/09/2019 à 14:40:09
Hasard des publications, deux ouvrages étranges sont parus à quelques semaines d'écart, avec de grandes similitudes à la fois graphiques et dans la démarche de leurs auteurs. Deux prises de risque des éditeurs également puisque nous avons affaire à des albums ayant vaguement la forme de BD mais sans texte (ou quasi) et adoptant une narration qui rappelle plus l'art-book que la BD. Pas évident de trouver son public et super occasion que de voir ces objets hybrides. Qu'est-ce qu'on a donc?
Dans les deux cas il s'agit de projets d'illustrateurs, le français Valentin Seiche pour The World, le néérlandais Pim Bos pour Tremen. Tous deux travaillent dans l'animation et cela s'en ressent par l'importance du seul graphisme pour installer une atmosphère. Dans The World une petite narration pose le récit d'une guerre ancestrale entre robots et magiciens et de l'évolution du monde depuis, alors que Tremen (qui signifie "passage") est totalement muet. Pour ce dernier la post-face de Marc Caro incite à aller voir le court métrage Ghozer de l'auteur... qui ne vous en apprendra pas beaucoup plus pour la simple raison que l'album édité par Dargaud vise avant tout à illustrer des visions graphiques dans un univers cohérent. Et c'est en cela qu'il est intéressant. Beaucoup de com' a été faite sur une pseudo-filiation avec l'Arzach de Moebius. Personnellement je ne vois pas l'intérêt de ce parallèle tant l'itinérance surréaliste et muette n'a pas été inventée par le dessinateur de l'Incal. Il est certain que Metal Hurlant a influencé Pim Bos, comme toute une galaxie d'illustrateurs qui publient chaque jour sur internet des foules d'images fabuleuses mais le projet est bien de donner vie au monde intérieur de l'auteur.[...]
Lire la suite sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/09/11/tremen-the-world
Radamour
Le 24/09/2019 à 10:32:07
Plutôt abscons... Dommage, il y a quelques beaux plans et une ré-interprétation intéressante du Nighthawks d'Ed Hopper. Mais globalement je ne suis pas fan.
lh
Le 16/09/2019 à 12:31:45
L'une des meilleures surprises de cette rentrée. Un univers à la David Lynch, c 'est envoutant ! Un auteur à suivre ...