Info édition : Noté "Première édition". Format 215 x 277 mm. Couverture et 4e plat avec vernis sélectif blanc et doré.
Résumé: Angel Molinos, docteur en psychologie et écrivain raté, basé à Vitoria comme le héros de Moi, assassin, travaille pour l’Observatoire des Troubles Mentaux (OTRAMENT), centre de recherche affilié aux Laboratoires Pfizin de Houston, qui suit l’évolution des maladies mentales et teste de nouvelles molécules sur des cobayes humains. Sa mission est d’identifier de nouveaux profils «pathologisables» afin d’aider Pfizin à élargir sa pharmacopée.
Les nuits d’Angel sont hantées de cauchemars. De retour dans son village natal, que des rumeurs d’homosexualité l’ont forcé à quitter à l’âge 16 ans, il retrouve son père atteint d’Alzheimer et renoue avec l'homme, devenu moine, qui l’a initié à l’homoérotisme. Il comprend que son métier est lié à ce trauma : il crée des catégories d’«anormalité mentale» pour se venger de l’étiquette homosexuelle qui a bouleversé sa vie. Rentré à Vitoria, il décide de rallier la cause d’un collègue qui prétend dénoncer les pratiques d’OTRAMENT. Mais le lanceur d’alerte a disparu, et Angel trouve devant sa porte la main coupée de ce dernier. Ses employeurs auraient-ils décidé de se débarrasser de lui? L’inventeur de fausses folies serait-il en train de devenir fou?
Cette histoire de Big Pharma découpant nos vies et nos psychés pour optimiser ses profits pourrait se dérouler partout, mais ses tonalités politiques ajoutent un volet au portrait sans fard de l’Espagne contemporaine qu’Altarriba trace de livre en livre. Et la mystérieuse ville basque de Vitoria, au centre de sa «Trilogie du Moi», devient pour lui ce que Dublin fut pour Joyce ou Providence pour Lovecraft, le lieu mythique d’où sourdent toutes les peurs, toutes les hantises qui habitent ses héros.
Un scenario solide et retors (à mettre en perspective avec le précédent opus des auteurs, le génial « Moi, assassin ») bien relayé par ce noir et blanc profond aux touches de jaune vif, qui crée le climat anxiogène parfait pour cette histoire : Le personnage principal, expert pour un pseudo observatoire des troubles mentaux est chargé d’ "inventer" de nouvelles pathologies mentales (fanopathie, néophilie, nomophobie, quantiphrénie…et d’autres perles du même genre !!), pour que le puissant labo pharmaceutique associé puisse fabriquer et écouler des millions de traitements – parfaitement inutiles mais très lucratifs – à ces maladies bidons.
Bordé de tous côtés par la folie, le récit réussit à entremêler habilement les odieuses combines de l’industrie pharmaceutique, un thriller sombre sur fond de meurtre rituel, et la dérive psychique du narrateur dont la raison vacille peu à peu… Le tout dans un contexte actuel et très réaliste. Une excellente BD, intelligente et bien menée.