Info édition : Contient Walking Dead (2003) #13-18. En fin d'album galerie d'illustrations de 4 pages. Logo "Pour lecteurs avertis" à gauche du code barre et logo "Image" à droite du code barre mais absence du logo "SkybOund".
A
près avoir quitté la ferme des Greene en quête d’un abri capable de les protéger des zombies, Rick Grimes et son groupe de survivants découvrent un immense pénitencier laissé à l’abandon. Déterminés à placer leurs derniers espoirs derrière ces barreaux, Rick et Tyreese commencent par nettoyer les lieux des nombreuses créatures qui y errent. C’est en prenant possession de ce refuge, ironiquement sensé enfermer les êtres dangereux en temps normal, qu’ils vont découvrir Dexter, Andrew, Axel et Thomas : quatre survivants coupés du monde et possédant un stock impressionnant de provisions. Au milieu d’un climat de méfiance, ils vont vite s’apercevoir que l’on n’entre pas impunément dans une prison et que le plus grand danger ne se situe pas toujours du ‘bon’ côté du mur.
Pourvu d’un titre évocateur, Sain et sauf ? reprend les épisodes US #13 à 18 et permet aux lecteurs francophones de connaître la suite de ce road-movie au pays des mort-vivants. Malgré la perspective réconfortante que semble promettre cette forteresse au niveau de la sécurité, du confort et de l’intimité, la tension entre les rescapés est loin de retomber. Tout comme dans Girls, les personnages semblent lentement atteindre ce point de non retour : ce moment fatidique où, affectés mentalement par les nombreuses disparitions au sein d’un monde sans véritables perspectives, ils finissent par péter les plombs. Les couples se déchirent, les ennuis se multiplient, la bonne conscience s’envole et l’instinct de survie devient de plus en plus prédominant. Le côté primaire et animal remonte à la surface, souvent au détriment des barrières morales habituelles.
Alors que le dosage entre moments de réflexion et d’action était encore parfait lors des deux tomes précédents, celui-ci souffre un peu du rythme croissant de décès et de violence. Les monstres qui semblaient finalement n’être qu’un prétexte pour développer les relations humaines entre les différents protagonistes sont beaucoup plus présents. Le récit de Robert Kirkman (Invincible) perd ainsi un peu de son originalité et l’influence des nombreuses références du genre (Night of the Living-dead, Zombie, Land of the dead, 28 jours plus tard) semble reprendre le dessus sur le non-conformisme. Les dialogues demeurent malgré tout de qualité et la hantise de la morsure fatale est loin d’être le seul attrait de ce troisième volet qui place l’intrigue encore un peu plus aux frontières de l’horreur.
Le développement psychologique des caractères, grande force de la série jusqu’à présent, semble moins soigné qu’auparavant. Outre Rick qui fait le yoyo entre le bon samaritain et le psychopathe incontrôlable et livre ici un comportement souvent contradictoire au ‘Protect & Serve’ qu’il est censé incarner, il y a la scène de Tyreese dans le gymnase qui fait perdre au récit un peu de son réalisme. De plus, les quatre taulards venus rejoindre cette kermesse aux zombies tombent un peu dans le piège de la caricature, tandis que d’autres acteurs, jusque-là secondaires, vont soudainement révéler des facettes inattendues de leur personnalité. Cela permet certes aux auteurs de placer une partie de la barbarie sur les épaules d’une humanité poussée dans ses plus profonds retranchements, mais malheureusement au détriment d’une certaine finesse qui fait ici défaut.
Malgré un détail intéressant (et bien exploité) concernant cette maladie qui pourrit le monde, Kirkman reste muet concernant les origines de cette zombification massive. Au niveau du graphisme, le noir et blanc du dessin de Charlie Adlard contribue à masquer les nombreuses effusions de sang, un peu à l’image de la couleur rouge de la cape du torero. Il sied cependant parfaitement au récit et accentue le pessimisme dégagé par cet univers horrifique.
Débordant de pantins assoiffés d’hémoglobine et ponctué d’un aperçu (partiellement posthume) des personnages, Sain et sauf ? saura ravir les amateurs d'un genre initié par La nuit des morts-vivants de George Romero en 1969. Pour les autres : la réponse au titre est un ‘NON’ rouge sang !
Découvrez également :
La chronique du tome 1
La chronique du tome 2
Les avis
Eotran
Le 08/01/2023 à 12:31:34
Je suis fan de la série tv depuis la première heure, et je dois avouer que ce tome m'a donné des émotions et a réussi à me surprendre.
Un scénario très consistant avec beaucoup de matière de réflexion.
Même si le scénario est très semblable à la version télévisée, le format comics induit une remise en question plus intense de nos principes de vie occidentale, à moins que ce ne soit le talent des auteurs. La vérité est probablement un mélange des deux.
Au niveau graphique, le noir et blanc fonctionne très bien, et le coup de crayon de Charlie Adlard est tout à fait remarquable.
Après seulement 3 tomes, on comprend facilement pourquoi cette série a si bien fonctionné, au point de devenir culte.
pysa
Le 02/04/2017 à 16:10:11
Rick et les autres survivants s'installent dans une prison. La menace des zombies est toujours aussi présente mais le danger est autant interne qu'externe. La tension monte d'un cran dans ce nouvel opus très réussi.
pokespagne
Le 11/01/2014 à 12:38:16
Est-ce parce que la série TV a relativement peu adapté les péripéties de ce volume ? En tout cas, je l'ai trouvé beaucoup plus intéressant que les deux précédents : les zombies - finalement pas passionnants, à part pour les fans hardcore du genre dont je ne suis pas - passent en arrière plan (normal, nos "héros" sont désormais relativement protégés dans leur prison...), et le vrai sujet du livre, quelque chose comme "l'homme est un loup pour l'homme" peut alors commencer à être traité. De plus, même si l'indifférentiation des personnages dûe à la piètre qualité du dessin continue à gêner la lecture (on se raccroche aux détails vestimentaires et à l'utilisation des prénoms dans les dialogues, typiquement anglo-saxonne), il y a enfin de vraies belles scènes entre les personnages, et une réelle complexité des relations entre eux (un peu plus de sexe et d'amour que dans la série TV, ce qui est bien vu). De plus, il y a - pour la première fois dans ce troisième volume - quelques astuces de narration, comme des ellipses, qui rajoutent de l'intelligence à des situations qui sinon, pourraient être assez convenues : car, pour le moment, les dilemmes moraux et éthiques qui se posent aux personnages restent quand même furieusement conventionnels, et Kirkman n'a pas (encore ?) atteint la force visionnaire / politique du travail d'un Romero. Un bon livre de toute manière, qui se clôt sur un cliffhanger efficace.
McClane
Le 04/07/2011 à 21:54:44
idem vol.01
Bon scénario, pas de situations manichéennes avec des "gentils gentils" qui tentent de survivre contre des "méchants méchants". Les zombies font leur bouleau mais les vrais salauds c'est quand même les vivants, bonne étude sociologique des survivants. Graphisme médiocre mais tout à fait acceptable vu le rythme de parution.
Toujours une bonne chute en fin de volume.
Des fausses pistes, des détails évidents qui en fait ne le sont pas et finalement une chute qui évite toujours les clichés.
Quelques moments assez "dur".
BIBI37
Le 10/02/2010 à 21:39:56
Pas mal mais je trouve que la série s'éssoufle la faute à un scénario qui tourne un peu en rond.
Reste la puissance du huit-clos entre les personnages.
Dessins en noir et blanc impeccables.
Une petite déception.
7/10.
FredMartel
Le 14/12/2007 à 10:16:58
Lorsque mon bouquiniste m'a proposé cette série, j'étais assez septique ! Un histoire de zombie en BD, voila quelque chose qui me paraissait un peu singulier. Résutat : J'adore ! Non pour l'histoire de zombie qui est somme toute assez standard mais pour la psychologie des personnages qui tente à répondre à une question très simple : Que ferions nous s'il n'existait plus de frontière entre le bien et le mal et que l'avenir semble impossible ! A lire !