Résumé: Un matin, des parents apprennent par téléphone que leur fils est mort en shahid (en martyr). Alors que pendant des années, le service des renseignements pensait que quelques éléments corroborants suffisaient à confirmer la mort d’un soldat de Dieu, Paul Treignac, juge au pôle antiterroriste du Tribunal de Grande Instance de Paris, doute. Et si ce Abou Bakr n’était pas mort, s’il se faisait passer pour mort pour mieux revenir en France et préparer une opération ? Le juge est déterminé. À travers les instances à convaincre et des décisions lourdes de conséquences, comme libérer un jeune jihadiste, Paul Treignac met en place sa chasse à l’homme.
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ouze décembre 2016, Abou Othman est mort. Sauf qu'il l'était déjà depuis quatre ans, sous son nom de baptême, Jean-Frédéric Martinez. Parti en Syrie en 2015, il n'a pas cessé depuis de perpétrer des actions djihadistes violentes, l'amenant à être considéré comme un « élément très dangereux » par la DGSI. Pourtant, ... quelque chose, ou plutôt quelqu'un, empêche le juge Antoine Duquesne de classer définitivement sa fiche. Nordine Charaoui, un suspect en relation avec le supposé défunt, a été mis sous surveillance ; il semble en effet trop reconverti pour être honnête...
Matz entame une nouvelle trilogie avec Marc Trévidic, premier vice-président du tribunal de Grande Instance. Ce dernier a puisé dans son expérience de lutte anti-terroriste pour fournir une intrigue qui tient parfaitement la route, comme une sorte de Homeland à la française. Afin d'éviter le déjà-vu, déjà entendu, les auteurs jouent sur un cadre familier et crédible, donc plus proche du citoyen. La narration claire permet de comprendre les rouages de l'affaire qui monopolise un seul homme, le personnage principal. Plongé dans l'enquête délicate, le lecteur suit son quotidien et également sa vie intime, perturbée. Sa lourde responsabilité, les enjeux et les dilemmes auxquels il est confrontés sont bien retranscris, spécialement quand les conséquences restent imprévisibles. Au final, le scénario instille une bonne dose de tension et maintient le suspense. Le style réaliste de Giuseppe Liotti (Narcos) donne un rendu académique qui va à l'essentiel, sans détail superflu. Son trait simple, proche du crayonné, s'avère efficace pour accorder du caractère aux divers protagonistes. Cependant, associé aux couleurs plutôt ternes, l'ensemble manque un peu d'allant et de chaleur.
Vous en avez assez des attentats ? Compte à rebours pourrait vous faire changer d'avis car, si le graphisme ultra-classique génère un moindre enthousiasme, le récit est tout à fait prenant et propose un angle de vue à la fois original, vraisemblable et réaliste.