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n petit village à l’orée du désert, un vague chantier de construction, des migrants de passage et bien peu d’espoir pour ceux qui se retrouvent coincés dans ce vrai-faux purgatoire. Ange y débarque et, après avoir pansé ses blessures, tente de se trouver un petit boulot pour gagner de quoi repartir vers le Nord et, qui sait, une vie meilleure.
Imaginé comme un western africain mâtiné de drame shakespearien (rien que ça), Terre Gâtée est avant tout une allégorie sur les racines de la crise des migrants. L’histoire est racontée d’Afrique, d’une quelconque bourgade sud-saharienne lambda. Des candidats au départ arrivent et repartent sous les yeux de sédentaires qui, tout en profitant de cette main d’œuvre bon marché, sont finalement logés à la même et précaire enseigne. Dans ce cadre anonyme, Marguerite Abouet et Charli Beléteau font de leur mieux pour raconter une fable qui se veut universelle. Pour arriver à leur but, les scénaristes animent une distribution faite de silhouettes tenant plus d’archétypes synthétiques que de vraies personnes. Si on retrouve toutes les facettes de l’humanité chez Ange, Claudia, Benjamin et le Père Joseph, celles-ci, comme les dialogues, sonnent faux. Ces âmes anonymes ou presque, perdues on ne sait où, peinent malheureusement à provoquer beaucoup d’empathie.
Christian De Metter illustre cet âpre récit de manière frontale. Les corps et les visages portent les marques de la souffrance, le soleil est implacable et le sable s’infiltre partout. Le découpage et la mise en scène très sages contrebalancent la tension continue qui accable les acteurs de cette tragédie faussement contemporaine.
Malgré une volonté manifeste de montrer un Continent Noir à mille lieux des clichés venus d’Occident, les auteurs manquent leur cible en proposant une narration désincarnée peuplée de stéréotypes sans réelle épaisseur.