A
u fond de sa tranchée, Camille, un sculpteur, n’est pas fondamentalement malheureux. Pour lui, l’Enfer est à la maison, pas au front. Lorsqu’un obus lui tombe dessus, il est sauvé par un chien. Le cabot le suit à l’hôpital militaire où il est en convalescence pour soigner une blessure à la jambe. Notant son habileté avec les bêtes, un officier le recrute comme entraîneur canin. Mais toute bonne chose à une fin, la Première Guerre se termine et le héros doit rentrer chez lui à Nantes, pour affronter ses démons et l’absence de son épouse décédée dans des circonstances troubles.
Ce tome initial d’une courte série qui en comptera deux est en quelque sorte une très longue introduction. Il y a relativement peu d’action dans cette bande dessinée scénarisée par Didier Quella-Guyot. Le lecteur comprend bien que le protagoniste fuit son passé, mais c’est à peu près tout. Par bribes, le scénariste évoque de courts pans de sa vie, mais tout cela ne fait pas véritablement une histoire. Les prémices sont malgré tout prometteuses, le bédéphile est curieux de découvrir les secrets de cet homme, ce qui l’a amené à être beaucoup plus à l’aise avec les animaux qu’avec les gens.
Le dessin réaliste d’Arnaud Floc’h est intéressant. Ses personnages aux mines patibulaires sont rarement beaux, mais toujours attrayants. Le découpage est savant, et il faut oublier le gaufrier ; il n’y a probablement pas deux pages conçues sur le même modèle. Ceci dit, cette volonté de dynamiser les planches n’interfère pas sur la lisibilité de l’ensemble, bien au contraire. La mise en couleurs, surtout dans des teintes de marron, est simple et sobre ; bref, elle joue bien son rôle d’acteur de soutien dans cette intrigue.
Une entrée en matière juste un peu trop frugale. Tout porte à croire que le meilleur est à venir dans la deuxième partie.